dimanche 19 septembre 2010

Le Monde du rayonnement français

Depuis qu'on les a envahit pour la dernière fois en 1066, il faut bien reconnaître que les Anglois se sont plutôt bien portés sur la scène internationale. La preuve la plus éclatante en est qu'alors même que le blason de la reine est en français, le monde entier parle anglais. On a quand même lamentablement merdoyé quelque part, sachant que la langue internationale a été le français pendant plus de 5 siècles (La peste soit des Anglois est bien plus gracieux que l'expression fucking rosbeefs !). 
En résumant l'histoire, on s'est pris un paquet de bonnes branlées contre la perfide Albion, à tel point qu'on est toujours obligé de remonter à cette fameuse bataille de Hastings pour retrouver la dernière fois qu'un Français a mis le pied sur la terre du plum pudding en conquérant. Pire, on est même venu se réfugier chez eux à chaque fois que ça bardait un peu trop chez nous, comme après la Révolution ou pendant l'attaque des Teutons sur notre belle terre de fromages.

On aurait sûrement gagné plus de batailles contre les Anglais en leur lançant ce genre de projectiles.

Du coup, on a tiré un trait sur nos vains espoirs de victoire militaire écrasante sur les Rosbeefs pour se concentrer sur notre arme la plus redoutable : le fromage la culture. Oui, la culture française est mondialement renommée et nous en sommes très fiers. Sauf qu'en tant que bons Français, on a un peu tendance à se reposer sur nos lauriers. Il est vrai que passer de Lully, Rousseau, Molière, Debussy, Voltaire et Delacroix à Cindy Sanders, Steevy Boulay (notez comme les noms sont français) et Christian Clavier, ça nous a foutu un sacré coup. Mais personne ne semble s'en être rendu compte ; nous gardons la tête haute et fière, et voyageons partout dans le monde convaincus que seule la France est encore un pays largement au-dessus du lot en termes de culture.

La traduction pour l'édition française reflète bien l'image que les Français ont de leur culture.

Monuments de notre prétendu rayonnement sur le monde, les médias illustrent parfaitement la puissance de notre culture et la qualité de notre information. Détaillons un brin cette assertion en comparant la fierté de notre système d'information : Le Monde, et comparons-le à celui qui fait la fierté de nos voisins bouffeurs de jelly ; la BBC.
Je m'en vais vous exposer en quelques points les principes qui font qu'on est vachement plus forts.

Principe n°1 : on est vachement plus ouverts et plus forts
Il suffit pour cela de regarder le titre du journal. Alors que les Anglais ont un nom ridicule (British Broadcasting Corporation, je vous demande un peu...), un nom avec lequel on peut en un clin d'oeil reconnaître qu'ils sont anglais, nous avons un titre universel. Le Monde, ça va vous parler du monde entier pour informer le monde entier. On aurait presque pu l'appeler L'Univers s'il y avait eu des gens sur la Lune. Bref, la couleur est annoncée ; nous sommes internationaux et nous rayonnons sur le monde entier quand les Rosbeefs se contentent de diffuser des trucs british sur un pays où il pleut tout le temps.

Gros plan : le logo
En France, on adore avoir un logo qui en jette un peu. C'est en effet bien plus important qu'avoir un produit de qualité. On préfère en effet claquer 2,4 millions d'euros dans le logo de l'ANPE pour le changer 5 ans plus tard pour 500 000 € de plus parce que l'ANPE s'appelle Pôle Emploi, plutôt que d'investir cet argent dans de nouveaux emplois. 
En témoigne la banalité affligeante du logo de la BBC, alors que celui du Monde, en jolies lettres gothiques, fait référence à la période glorieuse et révélatrice de la puissance française à laquelle le journal a été créé ; 1944, soit l'apogée de la France (une petite pensée émue pour le Maréchal, je vous prie).

Le premier logo du Monde a été changé peu après sa création, pour lui préférer une version plus discrète. 

Principe n° 2 : International, mais pas trop
Je me suis posé une question bizarre récemment. La BBC propose ses informations et ses analyses en 32 langues différentes, alors même que la moitié des gens qui ont accès à internet dans le monde parle anglais (sauf en France, où ce pourcentage est bien plus faible). Si on veut informer le monde avec un journal qui s'appelle Le Monde, on doit forcément faire mieux que nos voisins d'outre-manche. Quel ne fut pas mon désarroi quand j'ai découvert que Le Monde sur internet n'existe qu'en français. Même pas une version en anglais, non, rien du tout. Je me suis heureusement rassuré en me rappelant que la langue la plus parlée dans le monde était le français, et que tout un chacun a le dernier Voici Molière comme livre de chevet, du fin fond de l'Ouzbékistan jusqu'au Cap Horn. Ouf !

Principe n°3 : Rien que de l'information
En continuant à traîner sur le site de la BBC (mais pourquoi, me direz-vous, quand on a une information de si grande qualité en France, aller traîner sur le site de la BBC ?), je me suis rendu compte avec stupéfaction qu'une fois sur 5, il y a une publicité sur la page d'accueil. Stupeur et effroi ; on m'assaille avec de la pub alors que je ne cherche qu'une information de qualité. Heureusement qu'on n'a pas ça chez nous !
Un simple coup d'oeil sur la page du Monde.fr suffit à nous en convaincre ; pas moins de 17 encarts publicitaires sur la simple page d'accueil sur des sujets aussi intéressants que "achetez une voiture", "achetez une montre", "rencontrez enfin le vrai amour" ou "Serrurier - Vitrier", autant de sujets qui correspondent exactement à ce qu'on recherche en allant sur un site d'informations.
Summum des analyses de mots-clés pour les publicité, l'encart "Date Afghani Girls" en face de l'article sur l'interdiction du voile, fabuleux (je vous jure que c'est vrai) !
Décidément, ces anglais sont vraiment trop cons de ne mettre que de l'info sur leurs sites d'info ; nous au moins, on sait qu'on va devenir riches grâce à la publicité sur internet (encore un truc qui a du se décider dans un comité de direction du haut management dédié à la rentabilisation des services annexes du Monde, grâce à un consultant américain payé 5000 $ la journée, parce que tu comprends, Coco, c'est ça l'avenir !).

Principe n°4 : A la pointe de la technologie
Preuve éclatante de notre supériorité technologique, Le Monde a incorporé à son site les technologies informatiques de dernier cri, comprenez Fessebouque, première source d'information des médias français avec Touittère. Quel avancée ! On va enfin pouvoir commenter "Trop lol" en voyant le taux d'abstention aux dernières élections, et demander "Cé ou le Paquistan ?" quand on nous parle des inondations dans ce pays flou.
Encore une fois, les British ne mettent que des articles, c'est d'une banalité affligeante.

Avant même Facebook, le Monde faisait déjà paraître son journal sur son mur, preuve éclatante de l'avance technologique des médias français.

Principe n°5 : Une information de qualité
C'est là la principale différence entre les anglais et nous ; nos informations sont "de qualité". La preuve elles sont écrites par... des journalistes diplômés ? Des économistes ? Des analystes politiques ? Non, laissons cela aux anglais. Nos informations sont écrites par bien mieux que ça ; des Français. Et pas n'importe lesquels ; nous, monsieur et madame tout le monde. En effet, sur la page d'accueil, une belle place est faite pour nos opinions, nos commentaires sur les articles, les blogs d'abonnés, les chroniques d'abonnés... On se demande même pourquoi on embauche encore des journalistes, alors qu'on sait si bien faire l'information. 
On nous demande également notre avis sur des sujets primordiaux, puisque notre avis est bien plus important que ce qu'il se passe ailleurs (évidemment, puisque c'est ailleurs, alors que nous on est là). On devrait même peut-être s'informer sur les forums internet, ce serait bien plus instructif.
Le sondage en ligne nous demande notre avis d'experts sur des questions importantes (encore une fois je n'invente rien) : 
Selon vous, Nicolas Sarkozy a-t-il eu raison ou tort de prendre à partie José Manuel Barroso comme il l’a fait à Bruxelles après les critiques de la Commission et celles de Viviane Reding sur la politique de la France à l’égard des Roms ?
Voila une question primordiale de savoir si notre Président à bien fait de répondre à ce qu'avait dit José Manuel Barroso à propos des critiques de Nicolas Sarkozy en parlant des critiques de Viviane Reding qui critiquait la politique de Nicolas Sarkozy quand il parlait des Roms ! Ca c'est de l'info, bien plus importante que le bien fondé des mesures engagées, et c'est pas les British qui vont répondre à des questions comme ça, ah mais !

Principe n°6 : Nous, on sait ce qui est important.
Nous, on parle vraiment de ce qui se passe dans le monde, c'est le titre de notre meilleur journal. Quand les anglais font des "Breaking News" sur des attentats à Bagdad, nous on en fait sur des soupçons de lettre qu'aurait écrit Eric Woerth pour recommander la légion d'honneur à l'employeur de sa femme. On sait bien que tout le monde s'en tape quand des étrangers meurent. Ils n'avaient qu'à vivre en France. Non ? On n'en veut pas ? Bah ils n'avaient qu'à pas naître étrangers alors !
De manière plus générale, on trouvera sur le site du Monde des articles parlant de ce qu'il se passe dans nos belles provinces, des articles sur Susan Boyle dans la catégorie "culture", et une catégorie "international" qui parle de temps en temps d'une polémique sur la viande hallal dans les hamburgers aux Staïtse, autant de sujet qui demandent de profondes capacités d'analyse. On se demande bien pourquoi la BBC a pris soin de créer des catégories "Afrique" et "Moyen-Orient", alors qu'on sait bien que les gens qui vivent dans ces pays-là ne savent pas lire et n'ont pas l'électricité (décidément, on a une belle longueur d'avance sur les Anglais).

Méfiez-vous des trucages ! On sait bien que sans électricité, l'Afrique ne peut pas être reliée à Internet.

Y a t-il encore vraiment besoin de continuer ce raisonnement éclatant ? Si vous ne l'avez pas encore compris, ce n'est pas demain la veille qu'on perdra notre suprématie sur le monde de l'information et sur le rayonnement culturel. Et j'aime autant vous dire que nos voisins britanniques feraient bien de s'inspirer de nous si ils veulent enfin avoir une information de qualité et un peuple cultivé. Vivement qu'ils reviennent dans le droit chemin de la culture et qu'ils se mettent enfin à écouter Cindy Sanders (et à parler français aussi, ça ne leur fera pas de mal).

Sur ce, je file retourner sur le blog la page Facebook du journal Le Monde pour enfin trouver des informations de qualité, parce que c'est comme ça qu'on créera un monde meilleur, sans clichés, et où les Rosbeefs parleront enfin français.

1 commentaire:

  1. Ca fait un peu mal, mais il faut reconnaître que ce que vous dites est à peine exagéré. Il y a quelques jours j'ai lu un article de The Economist sur São Paulo (où je vis), et c'était parfaitement documenté, synthétisé et,(dans la mesure où je peux le juger en anglais) écrit.

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