lundi 14 février 2011

Des travailleurs acharnés enfin récompensés !

Ce matin, Kim (il a souhaité garder l'anonymat) se lève de bonne heure. Comme tous les matins d'ailleurs.  Il enfile son uniforme de travail. Comme la plupart de ses collègues, il doit porter l'uniforme ; question d'étiquette. Aujourd'hui encore, il va travailler pour son pays. Il travaille sans compter, mais si on compte quand même, on se rend compte que Kim donne 15 heures par jour, 6 jours sur 7, 50 semaines sur 52 à son pays. 

Certes, le salaire est attractif, mais il masque les nombreux inconvénients du poste : difficulté de concilier vie privée et vie professionnelle, peu de congés, pendant lesquels il peut être appelé à tout moment, stress, précarité de l'emploi, journées à rallonge, absence de syndicat et, cerise sur le gâteau, pas de caisse de retraite. 

C'est ce dernier détail, conjugué aux récents licenciements dans la profession, qui a fait déborder le vase. Jusque là, Kim, comme ses confrères, travaillait sans compter. Mais depuis début 2011, sa profession est en crise. Des collègues, qui faisaient pourtant un boulot reconnu de tous pour sa qualité, et qui étaient dans le métier depuis plus de 20 ans, se sont fait mettre à la porte quasiment du jour au lendemain. Se faire virer, me direz-vous, ça peut arriver à beaucoup de monde. Mais dans ces cas précis, les courageux travailleurs n'ont eu ni indemnités de licenciement, ni droit au chômage, ni à la retraite (alors que leur âge avancé aurait normalement dû leur en faire bénéficier). 

Suite à ces évènements, que tout le monde s'accorde à trouver révoltant, Kim a décidé de créer le syndicat de la profession : le SYNdicat des DICtateurs (le SYNDIC, dans sa forme courte). Kim, qui gérera la branche Corée du Nord du SYNDIC, entend bien venir en aide aux dictateurs licenciés. 
Le SYNDIC-Corée du Nord a d'ores et déjà fait des petits. On a vu la semaine dernière se créer des structures similaires au Myanmar, en République Démocratique du Congo, en Angola, ou à Cuba. D'autres pays se seraient également déclarés intéressés, d'après le comité central du SYNDIC.

Sans mutuelle, les lunettes ne sont pas remboursées. Et des lunettes de cette taille, ça coûte cher.

Les conditions d'admission sont très strictes. Seuls sont acceptés les dirigeants réellement populaires, c'est à dire élus à plus de 95% des voix, être massivement soutenu par la presse de son pays, et être au pouvoir depuis plus de 15 ans (des dérogations sont cependant acceptées si le précédent dirigeant était de la même famille). Cependant, certains dirigeants montrant d'évidents signes de bonne volonté (coup d'état, manipulation de la presse, corruption) pourraient se voir attribuer le statut d'observateur. Silvio Berlusconi, Vladimir Poutine et Omar Bongo pourraient en bénéficier dans un futur proche. 

Parmi les actions prévues par le SYNDIC, il est prévu de fournir une pension retraite aux dictateurs injustement licenciés, la création d'un comité d'entreprise, qui pourra notamment proposer des formules vacances clé en main, ainsi qu'une assurance expatriement en cas de problème. Le SYNDIC aura également le pouvoir de porter plainte aux prud'hommes pour défendre les cas de licenciement abusif. 

Messieurs Moubarak et Ben Ali, pour qui l'injustice a été flagrante (pensez, après 24 et 30 ans de bons et loyaux services, mis à la porte du jour au lendemain...), seront les premiers cas étudiés par le SYNDIC. Ils pourraient avoir droit à une retraite bien méritée dès le prochain mois.

L'Arabie Saoudite s'est déclarée prête à jouer un rôle de pays hôte dans le cadre de l'assurance expatriement, et a également proposé un site pour accueillir le futur camp de vacances ; le Mao Center. Ce complexe hôtelier haut de gamme devrait comporter une base de loisirs, mais également un mini-goulag entièrement équipé avec des appareils de torture dernier cri, avec quelques journalistes politiques pour faire tourner les installations. Quelques Juifs, Arméniens, et Kurdes devraient permettre aux vacanciers de pratiquer leurs génocides et ne pas perdre la main. 

Les heureux vacanciers seront acheminés jusqu'au Mao Center en jet privé (Michèle Alliot-Marie devrait se voir remettre la carte de fidélité), et pourront ainsi passer leurs vacances en toute tranquillité. Pour chaque trajet, une somme d'argent sera versée au titre de la compensation carbone et détournée pour être reversée à un membre de la famille d'un dictateur ; question de principes.
Le Mao Center sera également accessible aux dictateurs retraités.

Le personnel du Mao Center sera sélectionné sur des critères très stricts.
L'initiative a été saluée par l'ONU, qui a reconnu "une avancée sociale importante" et a souligné qu'un "important vide juridique a été comblé". La France, de son côté, s'est déclarée heureuse que son système de retraites par répartition ait trouvé un écho favorable à l'étranger, tandis que les Etats-Unis relevaient les opportunités de business que cette perspective ouvrait.
Une initiative qui va dans le bon sens, donc, et qui place le Nord-Coréen Kim en bonne position pour une future récompense internationale. Un prix Nobel de la solidarité pourrait être créé à cette occasion.

Ah, oui, et je profite qu'aujourd'hui soit la Saint Valentin, saint patron des Bisournous et inventeur de l'eau de rose, pour souhaiter de tout mon coeur une heureuse Saint Valentin à tous les dictateurs et leurs épouses, maîtresses, prostituées, servantes, amantes ...

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