mercredi 26 janvier 2011

L'observatoire des mensonges de la gauche

On l'avait déjà abordé ici, en politique, les jeunes sont une espèce à part. Ils ne peuvent pas faire de la politique comme tout le monde, donc on les mets dans des sections jeunes, dont les vieux sont très fiers, et on leur fait faire des trucs de jeunes, voire de d'jeuns. La section jeunes est au parti politique ce que Carla Bruni est à Sarkozy : on la sort de temps en temps, on lui fait faire des actes symboliques, on la montre aux médias, on en est très fier, mais elle ne sert à rien.

Alors, que font les d'jeuns ? Eh bien, selon les vieux (qu'on a plus de mal à appeler les d'vieux, ça rend moins bien), ils font des trucs sur internet, du sport, et des trucs dans la rue. On évitera soigneusement de les faire parler d'emploi, d'économie ou de géopolitique, mais on les laissera volontiers inaugurer le skate-park de Montereau, ou un site internet.

Et c'est d'ailleurs pour ça que s'est montée la iForce de l'UMP. Moi, perso, j'aurais plutôt écrit ça e-force, comme e-mail, e-bay, e-business... Mais ils ont du se dire qu'on était en France et qu'on devait donc écrire ça iForce. Ou alors, ils ont voulu copier une célèbre marque avec une pomme à moitié bouffée. 

Enfin toujours est-il qu'à une réunion, il a du se passer à peu près ça ; imaginez une petite salle d'à peine 80m² dans un petit appartement de 360m² dans le 18e arrondissement de Paris. Les d'jeunes de la iForce arrivent petit à petit dans le salon Louis XIII dont la hauteur sous plafond est 3,5 sarkozys environ (sachant que 1 sarkozy est 1,21 fois plus petit que 1 Sarko-à-talonnettes et qu'une talonnette mesure environ 3,7 centimètres, calculez la hauteur des plafonds du XVIIIe) .

Des femmes, des noirs, des arabes... Les jeunes de l'UMP luttent contre le communautarisme.

La septième et dernière personne, Louise-Henriette, vient d'arriver. Jacques-Etienne, qui préside la réunion, aimerait bien pouvoir lui arracher son petit chemisier Dior et lui faire sauvagement des choses pas très permises par le Pape sur la commode Louis XV du salon. Derrière ses lunettes Lacoste, il observe ses amis se placer autour de la table. Cheveux bien ordonnés et raies (à droite, naturellement) sont de rigueur. Voila l'heure de démarrer la réunion.
- Bienvenue à la réunion de la iForce, commence-t-il.
- lol, mdr, ump, ptdr, répondit la salle en coeur (n'oubliez pas que les d'jeuns parlent un langage de d'jeuns, alors que les jeunes parlent juste normalement).
- Bon, si on est là, c'est parce que la gauche nous met une dérouillée sur internet.
- Oui, c'est vrai, j'ai même lu des articles qui critiquaient notre président.
- Tu lis donc autre chose que le Figaro, Paul-Henri ?
- Oui, Charles-Edmond.
- Il faut donc réagir, reprend Jacques-Etienne. Il faut lancer une contre attaque sur internet. On va lancer notre site internet.
- Un seul site ? Parce que à peu près 90% des sites sur internet critiquent notre président.
- Fais pas de mauvais esprit, Charles-Edmond. On va commencer par un, et après, on en fera des milliers. De toutes façons, t'as une meilleure idée ?
- Ben, avoir un président qui fait moins de conneries, c'est une bonne idée aussi, non ? Ca pourrait faire taire les critiques.
Jacques-Etienne lui lança un regard dur (l'expression "un regard noir" a été expulsée par Brice Hortefeux). Ce Charles-Edmond est décidément bien contestataire ; sûrement un fils d'ouvrier...
- On est la iForce, les mecs. On est dans la section jeune, on est donc pas là pour faire de la vraie politique ! Bon, essayons de réfléchir, qu'est-ce qui fait que la gauche est populaire sur internet ?
- C'est parce qu'ils font rien qu'à critiquer !
- Bien vu ; nous aussi on va critiquer.
- Mais qu'est-ce qu'on va critiquer ? Ils font rien, puisqu'ils sont pas au pouvoir.
- Euh, ben, en fait, on va juste les observer. Et dès qu'ils nous critiqueront, on les critiquera encore plus.
- Ah, ouais, bonne idée...

Et c'est après cette réunion que fut décidée la création de l'observatoire des mensonges de la gauche. L'adresse c'est o-m-g.fr, parce que ça fait aussi OMG, et du coup, c'est LOL ! On attend avec impatience le site MORTDELOL.fr (Mouvement d'Observation de Rien et de Tout mais surtout de la Droite, des Extrêmes, de la Loi et des ses Orientations ; Lynchons-les !), contre-attaque de la gauche qui ne manquera pas d'observer l'observatoire de la droite.

De gauche, donc russe, donc mal .vs. de droite, donc moderne, donc bien.

Pour faire le site, la iForce n'a pas du beaucoup se fouler ; ils prennent une critique émise par une personne de gauche (de ce côté là, ils n'ont que l'embarras du choix), ils la mettent en police "Poutinovski" (un police imitation russe avec des R à l'envers, des X rayés, et des lettres qui font semblant d'être russes), et ils recopient en dessous la justification gouvernementale. En gros, ils n'observent pas grand chose, ils se contentent de justifier la politique du gouvernement. Charles-Edmond a bien objecté que "Mais est-ce qu'on ferait pas mieux de...", mais sa remarque n'a pas été autorisée a dépasser ce stade.

On y dit que le PS ne précise pas comment il finance ses mesures (on oublie de dire comment l'UMP finance son bouclier fiscal), on y dit que les responsables du PS ne sont pas d'accord entre eux (gros scoop), et on y blablate des arguments pas plus longs que 3 lignes et sur-entendus (ça reste des jeunes qui ont fait ce site, et un jeune ne peut pas être intelligent, rappelez-vous) pour défendre les projets gouvernementaux.

Par contre, ils ont juste oublié que, plutôt que d'observer la gauche qui n'est pas au pouvoir et du coup ne fait pas grand chose, ils pourraient aussi essayer de faire remonter les aspirations de la jeunesse à notre cher gouvernement. Ça serait plus utile, et ça leur permettrait de développer des argumentaires un brin plus long que la bite à Sarko ça. Mais... "Charles-Edmond, ta gueule !"

samedi 15 janvier 2011

Les élèves se ramassent a l'appel

L'heure est à l'engagement. C'est un fait, c'est indéniable, aujourd'hui les gens s'engagent. Vous en doutez ? Regardez-donc autour de vous ; ici une star anorexique s'engage à la télé contre la faim dans le monde (au moins elle fait acte de solidarité), là un blog s'engage sur internet pour la liberté d'expression, même votre pote Romain (tout le monde connait quelqu'un qui s'appelle Romain) s'engage en soutenant des causes sur Facebook.
Aujourd'hui, tout le monde s'engage, mais de manière virtuelle. Parce que c'est quand même bien plus facile de s'engager sans bouger le cul de sa chaise ; ça prend 2 secondes, ça nous demande un clic de souris, un visionnage de vidéo, trois tapotages sur un clavier, et on a l'impression de militer pour les causes les plus nobles de ce monde. Pas de chance, ça ne sert à rien... Figurez-vous qu'Ingrid Bétancourt s'en fiche de savoir que vous vous étiez engagé à demander sa libération sur twitter, et que les enfants du Niger se foutent pas mal que vous affichiez votre engagement sur votre mur Facebook, et qu'Eric Woerth se moque que vous ayez signé la pétition pour lui attribuer la légion d'honneur (quoique dans le dernier cas, ça lui a peut-être fait plaisir).

Non seulement ça ne sert à rien, mais en plus, les engagements en se banalisant deviennent d'un niveau affligeant. Et ce jusqu'aux organisations les plus en vues... Il se trouve que l'on m'a demandé de signer il y a peu une pétition lancée par l'Union pour un Mouvement Populaire (qui malgré son nom ne l'est pas vraiment), en matière d'éducation. Et cette pétition mérite qu'on s'y attarde un peu.

Commençons par citer le titre, tout en majuscule pour qu'on le comprenne bien :
POUR QUE 100% DES ÉLÈVES MAÎTRISENT LES SAVOIRS FONDAMENTAUX DÈS LA FIN DU CE1
Disons-le tout net, j'adore les titres de ce genre. Peut-être pas autant qu'écouter un discours de Kim Jong Il ou suivre le championnat béninois de curling, mais c'est tout de même quelque chose que j'aime beaucoup. Ca me fait penser à ces titres de groupes Facebook "Contre les tremblements de terre" ou ces pétitions du style "Pour que 100% des sans-abris aient un logement en 2000/2007/2012" (on retrouve ces pétitions à chaque élection). Ca me fait penser avec émotion à ces engagements politiques dignes des premiers pères communistes "Je suis contre les violences faites aux femmes", ou "Je m'engage fermement à réduire le chômage et à relancer la croissance".
Forcément, personne ne va vous contredire en lançant un petit "Excusez-moi, mais les violences faites aux femmes sont tout de même bien pratiques pour se divertir quand on s'emmerde", ou "Non, qu'ils restent dans la rue les sans-abris, moi, je suis pas pour qu'ils aient un toit". C'est de mauvais goût, paraît-il.

Ce genre de pétitions est à peu près aussi utile que d'enfoncer une porte ouverte ; ça ne fait de mal à personne, tout le monde est d'accord, et on peut l'envoyer au gouvernement, qui en bon bisounours, dira "ah oui, c'est vrai, j'y avais pas pensé. Merci d'avoir fait cette pétition, vous m'avez convaincu, maintenant, moi aussi je suis pour que les élèves soient bons en classe".

Ceux qui ont conçu cette pétition ont un QI similaire à celui de ces légumes.

Donc on signe une pétition pour que nos élèves soient meilleurs. Nul doute que le gouvernement va avoir une prise de conscience énorme en voyant cette pétition : "Ha, nos élèves étaient des brêles, et tout le monde s'en tapait. Mais grâce à cette pétition on va pouvoir leur demander d'être moins cons !". Utile, bien, beau...
La pétition aurait pu s'arrêter là et convaincre tous les individus au QI semblable à celui d'un poulpe asthmatique (ex: Steevy Boulay). Mais malheureusement, ils ont fait du zèle ; ils ont voulu détailler.
Je précise ici un point qui sera utile à tous ceux qui veulent lancer des pétitions ou des appels : si vous ne maîtrisez pas votre sujet, arrêtez-vous au titre !

"Ce qui n’est pas acquis eu CP ne l’est pas plus tard !"

On trouve cette affirmation dès la première ligne, faute d'orthographe incluse. Apparemment, ceux qui l'ont écrite on déjà loupé ce point là au CP. Une belle illustration de ce qui est demandé dans la pétition. 
Mais l'essentiel n'est pas là ; tout ce qui n'est pas acquis au CP ne l'est pas plus tard. Bon sang, voilà des siècles qu'on s'acharne à vouloir donner des cours jusqu'à 18 ans, et on découvre seulement maintenant que seul le CP est utile. D'ailleurs, quand je réfléchis bien, c'est vrai qu'en sortant du CP, je n'avais pas bien compris le concept d'intégrale triple. Résultat, maintenant, je galère toujours à comprendre ce que c'est. Par contre, l'histoire moderne, les grands philosophes, les réactions chimiques et la physique quantique, en sortant du CP, je maîtrisais à l'aise. 
D'où l'importance qu'à la fin du CE1 on maîtrise 100% des savoirs fondamentaux. Les 11 autres années jusqu'au BAC, c'est de la branlette intellectuelle.

Grâce à ce constat génial, la préparation au bac va désormais commencer beaucoup plus tôt.

"C’est en partant de ce constat, fruit d’une large concertation avec la communauté enseignante, que le Mouvement Populaire a proposé que l’on se mobilise pour que 100% des élèves aient acquis les savoirs fondamentaux dès la fin du CE1."

Parce qu'en plus il a fallu se concerter pour pondre ça ! M'est avis qu'ils n'ont pas du concerter beaucoup d'enseignants au delà du CE1 pour aller pondre un truc pareil... Enfin, passons, et étudions un peu ce que l'UMP propose pour enrayer ce problème.

"Pour cela, l’UMP propose :

- une meilleure responsabilisation des acteurs éducatifs, à travers la signature de «contrats d’objectifs» entre les recteurs et les directeurs d’écoles primaires."

Eh oui, parce qu'avant les enseignants et les directeurs n'étaient pas vraiment responsabilisés. Leur coller des procès au cul dès qu'un élève s'ouvre la lèvre, les parents sur le dos qui crient quand il a une mauvaise note parce que c'est jamais la faute du gamin, c'est vrai qu'on les sentait pas vraiment concernés, les enseignants.
Leur faire signer un contrat me semble être une excellente idée. C'est vrai qu'en leur faisant signer "Je m'engage à apprendre à lire à tous mes gamins", je suis convaincu que ça donnera de bien meilleurs résultats. Former les professeurs, leur donner des cours de pédagogie, des classes plus petites, ça a peu de chances de marcher. Tandis que leur faire signer un contrat....

- de regarder attentivement les nouvelles méthodes d’apprentissage qui produisent parfois de meilleurs résultats chez certains élèves.

Ça c'est une mesure innovante. Jusque là on était cons, et on le savait pas. Pour preuve, les méthodes d'enseignement n'ont pas changé depuis 1793. Pas une réforme de l'éducation nationale, rien n'a bougé d'un iota dans la manière d'enseigner. Pas une personne n'a eu la bonne idée de s'intéresser à ce qui marchait le mieux. Heureusement que cette pétition est là pour faire changer tout ça.

- de mieux repérer en CP les élèves en difficulté afin de leur apporter un soutien adéquat, à travers des stages de remise à niveau encadrés par les enseignants pendant les vacances scolaires.

Pour bien comprendre ce dernier point (oui, c'est tout, il n'y en a pas d'autres), il faut comprendre comment on fonctionne. Pour l'instant, l'enseignant ne repère pas les élèves en difficulté. Parce qu'un enseignant, c'est con ; il n'a pas la capacité mentale pour comprendre que le gamin qui se paye des notes catastrophiques depuis le début de l'année est en difficulté. Du coup, il ne le repère pas. Ou parfois, il le repère, et puis il part en cour de récré, et là pfffft, il le perd, et tout est à refaire...
Alors je propose que quand on repère un lardon en difficulté, on lui colle un coup de marqueur sur le front, ou qu'on le marque au fer rouge, c'est mieux. Comme ça, on est sûrs de bien l'identifier. Après, on pourra lui faire des stages de remise à niveau et un suivi personnalisé grâce aux 16000 postes supprimés dans l'éducation nationale en 2011 (parce que ça aussi c'est une proposition de l'UMP, mais celle là, ils ont oublié de la mettre dans la pétition).

Un ensemble de marquages discrets pourrait permettre de repérer très tôt les enfants en difficulté.

Les espèces d'endives décérébrées qui ont pondu cette appel auraient mieux fait de s'en tenir au titre, certes démagogique, mais qui aurait au moins eu le mérite de laisser planer le doute sur leurs capacités intellectuelles. Comme disait Pierre Dac ; 
"Mieux vaut se taire et passer pour un con que de l'ouvrir et d'ôter tout soupçon".

samedi 8 janvier 2011

Cendrillon

Ah, les comptes et légendes que Papi racontait au coin du feu quand nous étions petits. On s'en souvient tous avec émotions, en se remémorant l'odeur de Papi dans ces moments joyeux. Mais aujourd'hui, il faut bien reconnaître que ce genre d'histoires ne passionne plus grand monde. Voilà donc pour vous, une version re-masterisée de la belle histoire de Cendrillon.

Cendrillon avait un prénom peu commun. Sa mère le lui avait donné alors que sa famille venait juste de quitter la Roumanie pour la France (ben oui, avec un prénom comme ça, vous imaginiez pas qu'elle était Française en plus). Le prénom tire d'ailleurs son origine du latin cendra, la cendre, qui a par la suite donné cendrier, un cendrillon signifiant aussi un petit cendrier.

Lors de l'expulsion du départ volontaire de ses parents vers la Roumanie, Cendrillon avait réussi à se cacher et à rester en France. Elle avait ensuite trouvé un boulot au noir chez une famille dont nous ne citerons pas le nom. La famille était composée d'un vieux père de famille, Jean-Marie, et de sa fille Marine. Ils étaient adeptes de la préférence nationale pour l'argent, et de la préférence extra-nationale pour les emplois à faible valeur ajoutée. Comprenez l'argent pour les Français et les boulots de merde aux immigrés.

Contrairement à la réalité, dans un conte de fée, quand on pète, ça fait des étoiles...

Cendrillon, s'étant fait passé pour une immigrée portugaise, faisait donc le ménache, le repassache, le lavache, le polissache, le potache... bref, elle était multitâches, malgré son jeune âche.

Jean-Marie, son employeur, ne lui laissait aucun moment de répit. Etant par nature fermement opposé aux 35 heures, il la faisait travailler bien plus sans jamais lui proposer de RTT. Cendrillon, pour sa part, savait bien qu'en allant se plaindre aux prud'hommes, elle serait immédiatement raccompagnée chez elle. Elle ne se plaignait donc pas, et exécutait avec zèle et avec un balai parfois, les tâches qu'on lui imposait.
Tous les jours, en lavant le sol, elle s'imaginait avec émotion qu'un prince charmant viendrait la chercher et l'enlever à cette condition détestable. Elle l'imaginait grand, beau, bodybuildé, et occupant une place importante dans la finance. 

Alors, lorsque Cendrillon entendit parler du bal de Chambouilly-sur-Patou, la ville voisine, elle voulut absolument y aller ; très certainement elle y trouverait son prince charmant. Elle alla voir sa marraine, Elena, dans le camp de Roms du village voisin. On la surnommait Elena-les-doigts-de-fée (souvent déformé en "sa marraine la fée"), pour son habileté à laver les pare-brise et à récolter les portefeuilles (fruit qui se récolte en toute saison, à condition de savoir trouver les bons coins. Mais c'est comme les champignons, personne ne donne ses bons coins). 
Devant la détresse de la petite Cendrillon, elle alla chourer la 106 Peugeot de Dédé, le cultivateur de citrouilles du coin, pour la repasser à sa filleule. Celle-ci était aux anges. Elle fila mettre sa robe "ce-soir-je-choppe", son soutien-gorge wonderbra  et ses deux chaussons verts (et non pas ses chaussons de verre, comme on trouve souvent).

Un coup de baguette plus tard, la voiture de Dédé le vendeur de citrouilles se transforme en rutilant carrosse. 

Ah qu'elle avait l'air fier, les cheveux au vent, la fesse alerte, la poitrine relevée, filant dans son carosse Peugeot vers le bal municipal. Ce soir, elle serait la reine de la soirée. Mais sa marraine Les-doigts-de-fée l'avait prévenue ; à minuit, Dédé le cultivateur de citrouilles rentre chez lui, et si il n'a pas sa voiture, ce sera les flics qui débarqueront. 

Arrivée au bal, Cendrillon le repéra immédiatement. Il s'appelait Francky, il avait une gourmette en or avec son prénom et une fiat punto tunée : c'était lui le roi de la soirée. Alors que DJ Flex-la-Vibe lançait "Tournez les serviettes" de Patrick Sébastien, il se rapprocha d'elle. 
- C'est quoi son ptit nom, à la miss, lui demanda-t-il, avec un sourire à faire fondre un iceberg ? 
Cendrillon était sous le charme. Elle le lui signala par un rire cruche en se penchant en avant. Après un regard appuyé dans son décolleté, Francky lui colla la main aux fesses et l'emmena vers le bar.

Tout se passait pour le mieux, quand Cendrillon entendit quelque chose sonner. C'était le rappel de son portable lui indiquant qu'elle devait rentrer, sans quoi son carrosse se transformerait en panier à salade. Dans la difficulté de donner des explications, elle dut s'enfuir et planter là son prince charmant.
Celui-ci, se disant qu'il perdait là l'occasion de ne pas passer une nuit de plus sur la béquille, la poursuivit. Il ne put la rattraper, mais arriva à temps pour voir que Cendrillon avait laissé dans sa fuite un de ses deux chaussons verts.

Honnêtement, un look comme ça en soirée, aujourd'hui, ça fait ringard.

Désespéré d'avoir perdu sa belle, il ne sut que faire, garda le chausson  et alla quand même s'endormir sur la béquille. 

Alertés par une plainte pour voiture volée, la police vint quelques jours plus tard réclamer le chausson à Francky. Une analyse ADN plus tard, le fichier Edwige leur permit de retrouver la petite Cendrillon. Immédiatement raccompagnée à la frontière et déchue de sa nationalité française (qu'elle n'avait pas encore, mais c'est ça, la prévention), elle eut la bonne surprise de retrouver Francky à l'aéroport. 
Il s'envolèrent tous deux dans un vol charter payé par le ministère de la non-immigration en direction la Roumanie, où ils vécurent heureux, eurent beaucoup de scooters tunés et plein de petits voleurs de poules.

Fin


Une bien belle histoire en vérité, qui avait bien besoin d'être dépoussiérée. Nul doute que, sous cette forme, elle se transmettra à travers les âges pour des générations ! Tiens, ça me fait penser que j'ai en ma possession d'autres parchemins qui mériteraient eux aussi d'être un brin dépoussiérés. Si vous êtes sages, vous aurez bientôt tout une collection de belles histoires à lire à vos enfants au coin du feu.