Affichage des articles dont le libellé est immigration. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est immigration. Afficher tous les articles

lundi 25 juillet 2011

La souche du problème

La Norvège. Pays dont on se sait finalement pas grand chose, tant on en parle peu habituellement dans nos médias franco-français. Tout ce qu'on sait généralement, c'est qu'ils ont des criques et des lagunes qui portent le même nom que des yaourts Danone, qu'ils ont des élans (ou des rennes, ou des caribous, on n'est plus très sûrs), et que leurs voisins ont inventé Ikéa.
Ce qu'on connaît le mieux de la Norvège.
Et voila que soudainement, elle se retrouve en une de tous les journaux. Finies, les négociations sur la crise européenne, finies, les 12 millions de personnes qui crèvent la faim en Somalie, finis, les insurgés syriens qui se battent pour leur liberté ; on ne parle plus que de la Norvège et du terrible massacre qui a secoué le pays. 
Non pas qu'il ne faut pas en parler, bien au contraire. Mais on est bien rapides à oublier les millions de Somaliens qui meurent... Je me posais la question : et si les évènements étaient survenus dans l'autre sens ? Aurait-on éclipsé les 94 Norvégiens pour parler des 12 millions de Somaliens ? Sûrement une question bête...

On dit qu'une blanche vaut deux noires. C'est faux. Aux yeux de nos médias, une vie blanche vaut bien plus que des milliers de vies noires. Car voilà bien le fait choquant : ce sont des blancs, blonds, qui ont été tués. Des fusillades qui tuent des dizaines de personnes, il y en a tous les mois au Pakistan et en Afghanistan, et on y accorde à peine quelques secondes en fin de JT, ou un recopiage de dépêche AFP en fin de journal.

Alors forcément, quand on entend "bombe", on pense "terrorisme". Et quand on pense "terrorisme", on pense... (allez, je suis sûr que vous l'avez)... "musulman", bien sûr. Et d'habitude, ça ne rate pas.
Mais ici, quelque chose cloche. Pas de musulmans, pas d'Arabes, pas d'Al Qaïda... Et c'est tellement surprenant qu'on nous précise que le suspect arrêté est "un Norvégien de souche" (expression reprise dans la quasi-totalité des médias français : Le Monde, Le Point, Le Parisien, le Figaro, Europe1,la Croix, le Nouvel-Obs, TF1...). Moi, une expression comme ça, ça m'interpelle. Détaillons ensemble, si vous le voulez bien.

"Norvégien de souche", ça signifie déjà qu'il y a deux types de Norvégiens. D'un côté, les vrais Norvégiens, les Norvégiens "de souche". Ceux-ci sont blonds, grands, ont des noms imprononçables, et surtout, ils sont purs : ils n'ont pas été croisés avec des immigrés, ils sont chrétiens et droits dans leurs bottes. C'est du 100% pur de chez nous. Et de l'autre côté, on a les Norvégiens au rabais. En fait, ce ne sont même pas des vrais Norvégiens. Avant, ils vivaient dans un pays nettement plus au Sud où on égorge des moutons et où on écrit à l'envers. D'ailleurs, regardez : ils sont musulmans, alors que les vrais Norvégiens sont chrétiens. Et ils parlent avec un accent bizarre. Bref, il n'y a vraiment que sur le papier qu'ils sont Norvégiens. Leur vraie nationalité, c'est "musulman" (rappelez-vous...). Ceux-là, on est habitués à ce qu'ils nous fassent péter des bombes. Mais un vrai, pur, blanc, Norvégien de souche, là, ça vaut quand même la peine qu'on le précise.

Quand on entend "attentat terroriste", on s'attend d'avantage à voir apparaître l'image de gauche que celle de droite.

Et tous les articles précisent que le suspect est "un Norvégien de souche", qu'il est "fondamentaliste chrétien", et "lié à l'extrême droite, même si cela ne permet pas d'établir un lien avec ses actes". Devinez ce que les mêmes médias auraient dit si à la place de s'être appelé Anders Behring Breivik, il s'était appelé Mohammed al Islam. On aurait dit "le suspect est d'origine arabe. Il est intégriste (personne n'aurait alors utilisé le terme "fondamentaliste") musulman, et ses sympathies avec l'Islam font immédiatement penser au spectre d'Al Qaïda", faisant ainsi joyeusement les amalgames habituels entre opinion, religion, terrorisme, origine, et Islam. Vous pensez que j'exagère ? Relisez les articles parus lors des derniers faits d'armes d'Al Qaïda en Europe...

Et derrière ces détails, qu'est-ce que ça aurait changé si le suspect n'avait pas été Norvégien "de souche" ? Les jeunes qui faisaient du camping sur l'île ne seraient pas morts ? On aurait trouvé ça plus normal ? On se serait contentés de dire "il est extrémiste musulman (deux mots pratiquement synonymes maintenant), c'est normal qu'il tue des innocents" ? 

Et encore, il n'a tué que des Norvégiens. Parce que si un Français avait eu le malheur de se retrouver dans ce carnage, on aurait encore eu droit au fameux titre "100 morts, dont un Français"... Comme quoi toutes les vies ne se valent pas. Pour les médias, en tous cas. J'ose encore espérer que pour le reste, tous les hommes naissent et demeurent égaux... Mais d'où je tire cette phrase, moi ? 

samedi 8 janvier 2011

Cendrillon

Ah, les comptes et légendes que Papi racontait au coin du feu quand nous étions petits. On s'en souvient tous avec émotions, en se remémorant l'odeur de Papi dans ces moments joyeux. Mais aujourd'hui, il faut bien reconnaître que ce genre d'histoires ne passionne plus grand monde. Voilà donc pour vous, une version re-masterisée de la belle histoire de Cendrillon.

Cendrillon avait un prénom peu commun. Sa mère le lui avait donné alors que sa famille venait juste de quitter la Roumanie pour la France (ben oui, avec un prénom comme ça, vous imaginiez pas qu'elle était Française en plus). Le prénom tire d'ailleurs son origine du latin cendra, la cendre, qui a par la suite donné cendrier, un cendrillon signifiant aussi un petit cendrier.

Lors de l'expulsion du départ volontaire de ses parents vers la Roumanie, Cendrillon avait réussi à se cacher et à rester en France. Elle avait ensuite trouvé un boulot au noir chez une famille dont nous ne citerons pas le nom. La famille était composée d'un vieux père de famille, Jean-Marie, et de sa fille Marine. Ils étaient adeptes de la préférence nationale pour l'argent, et de la préférence extra-nationale pour les emplois à faible valeur ajoutée. Comprenez l'argent pour les Français et les boulots de merde aux immigrés.

Contrairement à la réalité, dans un conte de fée, quand on pète, ça fait des étoiles...

Cendrillon, s'étant fait passé pour une immigrée portugaise, faisait donc le ménache, le repassache, le lavache, le polissache, le potache... bref, elle était multitâches, malgré son jeune âche.

Jean-Marie, son employeur, ne lui laissait aucun moment de répit. Etant par nature fermement opposé aux 35 heures, il la faisait travailler bien plus sans jamais lui proposer de RTT. Cendrillon, pour sa part, savait bien qu'en allant se plaindre aux prud'hommes, elle serait immédiatement raccompagnée chez elle. Elle ne se plaignait donc pas, et exécutait avec zèle et avec un balai parfois, les tâches qu'on lui imposait.
Tous les jours, en lavant le sol, elle s'imaginait avec émotion qu'un prince charmant viendrait la chercher et l'enlever à cette condition détestable. Elle l'imaginait grand, beau, bodybuildé, et occupant une place importante dans la finance. 

Alors, lorsque Cendrillon entendit parler du bal de Chambouilly-sur-Patou, la ville voisine, elle voulut absolument y aller ; très certainement elle y trouverait son prince charmant. Elle alla voir sa marraine, Elena, dans le camp de Roms du village voisin. On la surnommait Elena-les-doigts-de-fée (souvent déformé en "sa marraine la fée"), pour son habileté à laver les pare-brise et à récolter les portefeuilles (fruit qui se récolte en toute saison, à condition de savoir trouver les bons coins. Mais c'est comme les champignons, personne ne donne ses bons coins). 
Devant la détresse de la petite Cendrillon, elle alla chourer la 106 Peugeot de Dédé, le cultivateur de citrouilles du coin, pour la repasser à sa filleule. Celle-ci était aux anges. Elle fila mettre sa robe "ce-soir-je-choppe", son soutien-gorge wonderbra  et ses deux chaussons verts (et non pas ses chaussons de verre, comme on trouve souvent).

Un coup de baguette plus tard, la voiture de Dédé le vendeur de citrouilles se transforme en rutilant carrosse. 

Ah qu'elle avait l'air fier, les cheveux au vent, la fesse alerte, la poitrine relevée, filant dans son carosse Peugeot vers le bal municipal. Ce soir, elle serait la reine de la soirée. Mais sa marraine Les-doigts-de-fée l'avait prévenue ; à minuit, Dédé le cultivateur de citrouilles rentre chez lui, et si il n'a pas sa voiture, ce sera les flics qui débarqueront. 

Arrivée au bal, Cendrillon le repéra immédiatement. Il s'appelait Francky, il avait une gourmette en or avec son prénom et une fiat punto tunée : c'était lui le roi de la soirée. Alors que DJ Flex-la-Vibe lançait "Tournez les serviettes" de Patrick Sébastien, il se rapprocha d'elle. 
- C'est quoi son ptit nom, à la miss, lui demanda-t-il, avec un sourire à faire fondre un iceberg ? 
Cendrillon était sous le charme. Elle le lui signala par un rire cruche en se penchant en avant. Après un regard appuyé dans son décolleté, Francky lui colla la main aux fesses et l'emmena vers le bar.

Tout se passait pour le mieux, quand Cendrillon entendit quelque chose sonner. C'était le rappel de son portable lui indiquant qu'elle devait rentrer, sans quoi son carrosse se transformerait en panier à salade. Dans la difficulté de donner des explications, elle dut s'enfuir et planter là son prince charmant.
Celui-ci, se disant qu'il perdait là l'occasion de ne pas passer une nuit de plus sur la béquille, la poursuivit. Il ne put la rattraper, mais arriva à temps pour voir que Cendrillon avait laissé dans sa fuite un de ses deux chaussons verts.

Honnêtement, un look comme ça en soirée, aujourd'hui, ça fait ringard.

Désespéré d'avoir perdu sa belle, il ne sut que faire, garda le chausson  et alla quand même s'endormir sur la béquille. 

Alertés par une plainte pour voiture volée, la police vint quelques jours plus tard réclamer le chausson à Francky. Une analyse ADN plus tard, le fichier Edwige leur permit de retrouver la petite Cendrillon. Immédiatement raccompagnée à la frontière et déchue de sa nationalité française (qu'elle n'avait pas encore, mais c'est ça, la prévention), elle eut la bonne surprise de retrouver Francky à l'aéroport. 
Il s'envolèrent tous deux dans un vol charter payé par le ministère de la non-immigration en direction la Roumanie, où ils vécurent heureux, eurent beaucoup de scooters tunés et plein de petits voleurs de poules.

Fin


Une bien belle histoire en vérité, qui avait bien besoin d'être dépoussiérée. Nul doute que, sous cette forme, elle se transmettra à travers les âges pour des générations ! Tiens, ça me fait penser que j'ai en ma possession d'autres parchemins qui mériteraient eux aussi d'être un brin dépoussiérés. Si vous êtes sages, vous aurez bientôt tout une collection de belles histoires à lire à vos enfants au coin du feu.

mercredi 8 septembre 2010

Tous les chemins mènent aux Roms

(Pour le titre, j'avais le choix entre ça et La route des Roms, les décédés Roms, Nique ta Rom, autant de jeux de mots fins et subtils qui n'ont d'ailleurs jamais été faits...)

Laissons un peu de côté tous les sujets brûlants de l'actualité du moment pour essayer de construire la société de demain, celle dont nous aurions envie pour nos enfants. Un monde où ces charmantes têtes blondes pourraient vaquer en paix sans être confrontés au réchauffement climatique, à l'insécurité, à la dette de la France, aux voleurs de poules Roms et aux terroristes musulmans.

Tentons donc d'ignorer ces sujets dont on nous assaille de toutes parts, comme les Pakis qui ne savent pas nager, la rentrée des classes dans le charmant village de Chambouilly-sur-Patou, les interrogations sur la (mauvaise) qualité du Beaujolais nouveau, et les commentaires sur la météo de Germaine Dentru ("il n'y a plus de saisons, ma brave dame"), pour apporter notre petite contribution à la France de demain.

En ce moment, le sujet qui nous préoccupe le plus, celui qu'il faut régler dans l'immédiat, c'est celui de ces infâmes laveurs de pare-brise, qui sont aussi voleurs de poules à mi-temps (ce qui représente une préoccupation importante pour 80% des Français, le PIB du pays étant basé dans les mêmes proportions sur l'élevage de poules, notre seule richesse). C'est bel et bien le sujet le plus urgent à traiter, bien avant le chômage, la régulation financière, les évadés fiscaux, les droits de l'homme et toutes ces conneries.

Le gouvernement français (main sur le coeur, je vous prie) m'a approché il y a quelques mois pour me proposer une mission dans le cadre de la commission rogatoire affectée au problème de l'immigration d'origine pas française vers notre beau pays et rattachée au ministère de la xénophobie de l'immigration. La mission étant faiblement rémunérée (à peine 9500€ par mois) et les avantages en nature étant faibles (seulement une voiture de fonction avec chauffeur et un appartement dans le XVIe arrondissement de Paris), je me tâtai longuement avant de finalement accepter pour des raisons uniquement patriotiques.

Le logo Mercedes sur les sabots du cheval ne trompe pas ; ces gens essaient de dissimuler leur pauvreté.

Le but de ma mission ; préparer un questionnaire qui sera soumis à tous les Manouches pour savoir s'ils ont le droit de rester en France ou pas après qu'on les ait arrêtés pour vol de gallinacées et lavage de pare-brise avec circonstances aggravantes et qu'on leur ait retiré la nationalité française (ou roumaine si ils ne sont pas Français, ça leur apprendra).
Je vous soumets donc ce questionnaire, que vous pouvez bien entendu faire de chez vous et ainsi apporter votre contribution au projet.

Quel Rom êtes-vous ?

Question 1. Pendant votre temps libre, que faites-vous ?
A. Vous vous asseyez près du feu entre les caravanes avec une guitare, et vous chantez Patrick Bruel/des chants traditionnels tsiganes/Metallica (rayez la mention inutile).
B. Vous sortez enfin votre jet-ski, que vous n'avez utilisé qu'une seule fois depuis son achat, et décidez d'aller l'essayer du côté de Saint-Tropez.
C. Vous retrouvez vos potes des jeunesses hitlériennes (ah, on savait rire à cette époque), et vous allez casser quelques juifs/arabes/roms/noirs/tout ce qui n'est pas Français (plusieurs réponses sont possibles).
D. Vous n'avez pas de temps libre, avec ces dossiers qui traînent sur l'immigration clandestine et les reconduites à la frontière...

Question 2. Que vous inspire cette image ?

A. Chic, le dîner du soir s'annonce. Par une méthode connue de vous seul, vous imitez le cri du ver de terre. Dès que le coq s'approche, vous lui proposez de lui nettoyer son pare-brise, et devant profitant du fait qu'il cherche pourquoi vous lui proposez ça, vous le mettez dans un sac et filez vers votre caravane.
B. Tout le monde l'aura reconnu, il s'agit d'un Gallus Gallus Domesticus, de l'ordre des Galliformes et de la famille des Phasianidae. Celui-ci a même des barbillons légèrement sous-développés, ce qui nous permet d'évaluer son âge à 6 mois environ.
C. Vous vous dites que vous n'avez pas eu de copine depuis un certain temps, et que cette poulette a des airs plutôt aguicheurs...
D. C'est le symbole de la vraie France et des vrais Français ; vous bombez le torse en pensant avec émotion aux valeurs de la République, sans chercher à savoir pourquoi on a choisi un animal aussi stupide pour représenter notre pays.

Question 3. Durant votre enfance,
A. Vous avez séché l'école, puisque votre famille n'arrêtait pas de bouger. Par contre, vous avez un BTS en vol à la tire avec mention bien, dispensé par Manu les doigts de fée, et qui est très reconnu sur les marchés de banlieue et dans les couloirs du métro.
B. Vous avez gagné trois ans d'affilée le concours de scientifique en herbe du Rotary club, puis avez fait Polytechnique en deux ans en même temps qu'un diplôme de médecine en neurosciences appliquées.
C. Ah, l'enfance... Vous vous souvenez encore avec émotion de votre premier camion de police caillassé avec succès, de votre première garde à vue, et de votre première kalachnikov... C'était le bon vieux temps.
D. Né à Paris de parents hongrois, vous rêviez déjà d'une carrière politique. Bien que pas très bon en classe, vos talents d'orateurs vous permettaient de vous faire élire délégué de classe en proposant d'interdire l'accès au lycée aux roux et aux arabes, et en proposant d'indexer les allocations familiales sur les résultats scolaires.

Question 4. Vous êtes :
A. Roux
B. Blond
C. Chauve
D. Brun
Après les Roms, le gouvernement pense s'attaquer aux roux. Les sondages montrent d'ailleurs que la population française y est bien plus favorable.











Question 5. Votre sport préféré est :
A. La course (préférence sprint avec un paysan et une carabine à plomb derrière pour se motiver à courir plus vite).
B. Le golf, que vous pratiquez tous les dimanche avec votre amie la Comtesse de Montpensier avant votre habituelle partie de bridge.
C. La course (préférence sprint avec un arabe/policier en fuite/gamin devant vous pour vous motiver à courir plus vite).
D. Le jogging le dimanche dans les jardins de l'Elysée avec un T-shirt "I love NY".

Résultat du test
Vous avez une majorité de :
A. Vous avez gagné : vous êtes un vrai Rom ! Vous venez donc de gagner la somme extraordinaire de 300€ plus un voyage gratuit en Roumanie (ou alors vous êtes juste roux, et dans ce cas, on se fera un plaisir de quand même vous conduire à la frontière). Par contre, vous n'existez pas vraiment (sauf les roux, hélas), parce que vous êtes plutôt un énorme cliché ambulant de l'image que le Français moyen qui ne réfléchit pas beaucoup a des Roms. Dommage, ça nous aurait donné de bonnes excuses pour justifier tout ce tintouin.

B. Vous êtes riche, bien éduqué, cultivé, et sacrément coincé. Vous ne pouvez donc pas être Rom. Si ? ... Attendez, voilà qui nous pose problème... En cherchant bien, vous nous faites sûrement une fraude aux allocations, non (comment un Rom pourrait-il être riche autrement) ? Auquel cas, dommage, vous retournez quand même en Roumanie, mais sans toucher le chèque de 300€ (même si vous êtes né en France, et que vous n'avez jamais mis les pieds en Roumanie ; c'est pas le tout, mais on a des quotas à atteindre, nous).

C. Vous êtes con/raciste/zoophile/délinquant (il n'y a malheureusement pas de mention à rayer), mais vous êtes Français. Vous restez donc en France, qui sera toujours votre pays rien qu'à vous. Continuez d'ailleurs à tabasser tous ceux qui sont un peu trop différents, ça leur apprendra à aimer la France et à vouloir y rester.

D. Vous êtes Nicolas Sarkozy ; merci d'avoir fait le test Monsieur le Président. D'ailleurs, si vous pouviez penser à rajouter une petite prime à la fin de mon contrat de mission (ou la légion d'honneur, je ne suis pas difficile)...

Pendant le tournage du film, Franck Dubosc a failli être envoyé en Roumanie. Malheureusement, la démarche n'a pas abouti, le gouvernement roumain l'ayant catégoriquement refusé.

Vous pouvez envoyer votre résultat à ce test à Brice Hortefieux, ou Eric Besson, et commencer à réserver votre billet d'avion pour la Roumanie, je crois qu'ils font des promos en ce moment...

vendredi 3 septembre 2010

Vrais Jeunes pour la vraie France des vrais Français

"Bon, parlons un peu politique..."

Terreur, stupeur et effroi. Devant l'écran de votre ordinateur, vous avez désormais les mains moites et les pieds poites, tandis qu'une tremblement incontrôlable secoue vos membres chétifs (oui, chétifs, parce que si vous êtes là, c'est que vous n'êtes pas dehors à faire du sport). Vous accédez là au tabou suprême en France : on ne parle pas politique.
Cela dit, vous sentez grandir en vous une excitation semblable à celle du journaliste irakien avant de lancer sa chaussure au visage de Georges W Bush ; vous savez que c'est interdit, mais ça fait plaisir quand même.

Oui, parce que parler politique en France, c'est interdit. Pour un peu d'amusement, essayez de lancer discrètement une fine allusion à la laïcité à l'école ou quelques mesures fiscales à un repas en famille ou entre amis, il ne se passera pas 3 minutes avant que les convives ne s'étripent joyeusement à grands coups de blanquette de veau à l'ancienne. Parce qu'en France, on ne peut pas être d'un avis politique ou religieux différent sans que ça implique de remettre tout le reste en cause. Pas de désaccord qui puisse être intéressant. Je suis un peu de mauvaise foi en disant cela ? Oui, c'est mon but et ma joie.

D'ailleurs, petite anecdote amusante, la guerre de sécession a éclaté après que Jefferson Davis ait abordé la question de l'immigration clandestine des esclaves africains en quête de travail aux USA au cours d'un repas entre amis avec Abraham Lincoln (l'immigration ou le téléchargement illégal, je ne me souviens plus bien).

Le dîner se passait bien, jusqu'à ce que Jean-Jacques commence à parler politique.

Petite exception à ce tabou, on peut souvent dire qu'on n'est pas d'accord. Soutenir un homme politique dans une de ses décisions un peu ambitieuse ? Ça ne va pas ? Par contre, balancer à tout bout de champ qu'on est contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre, ça passe, et ça passe d'autant mieux que votre interlocuteur possède un esprit critique semblable à celui d'un poulet nourri aux hormones.

Donc rassurez-vous, je ne vais faire que critiquer.
Ouf ! Vous poussez un soupir de soulagement et vous cessez de cacher l'écran de votre ordinateur. Vous irez même jusqu'à envoyer cet article à tous vos amis (dans les 20 secondes, sinon vous mourrez de manière atroce en essayant de manger de la panse de brebis farcie, sauf si vous êtes anglais, mais ceci est une autre histoire) pour leur conseiller cette lecture intellectuellement saine.

Pour commencer, éloignons-nous des partis les plus en vue, et donnons un coup de projecteur (de préférence assez fort pour qu'ils ne s'en relèvent pas) sur une section qui en vaille vraiment la peine : la section Jeunes du Mouvement Pour la France, le mouvement politique Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, que nous appellerons la Mangouste pour simplifier. Parce que oui, il y a des jeunes au MPF (j'ai été surpris moi aussi au début ; ça fait un peu le même effet que si on nous apprenait que la femme parfaite existait, on en parle beaucoup, mais on ne la voit jamais).

Le dernier meeting des jeunes du MPF

Déjà, pourquoi tous les partis ont-ils une section "jeunes" ? Comme si les jeunes, cette espèce étrange, était une fierté que l'on voudrait exhiber ("Regardez ! On a des djeuns dans notre parti") mais ranger dans une case à part, au cas où ils racontent un peu trop de conneries et le temps qu'il finissent leur croissance. Et s'il y a une section jeunes, pourquoi n'y a-t-il pas une section vieux ? Remarquez, s'il y avait des section vieux, je connais certains partis où il n'y aurait plus grand monde dans la section régulière...

Je me concentrerai sur une page en particulier, pour éviter de se disperser (bien que ce ne soit pas mon genre), appelée Les fondamentaux.

Tout commence avec une superbe vidéo, parodie d'une publicité pour un marque de téléphonie dont le nom fait penser à un fruit qui est aussi une couleur entre le jaune et le rouge, et qui essaie de nous faire passer un message sur les valeurs du MPF. En résumé, on voit dans cette vidéo, pour chaque mot clé, le mal, dérive de la société moderne, puis la vision des jeunes du MPF. On y sous-entend à mots à peine couverts que tout ce qui a la peau plus bronzée qu'un descendant en droite ligne de Louis X le Hutin (ou que Michael Jackson) ne sait faire que tabasser d'honnêtes citoyens dans le bus, que leur musique est forcément vulgaire et grossière, mais aussi que la vraie culture des vrais français, c'est de la musique classique jouée par des jolies têtes blondes.

Passons rapidement sur tout cela pour étudier le coeur de l'article, divisé en trois parties.

Acte I : La famille, notre avenir
"Bien qu’une augmentation du temps de travail hebdomadaire, en supprimant véritablement les 35 heures, permette de stabiliser la situation, la solution reste essentiellement démographique. Les Jeunes Pour la France pensent que si l’Etat investissait dans la famille, en créant un salaire parental par exemple, cela amorcerait une augmentation de la natalité".
Nous avons là une idée intéressante : les 35 heures sont sans aucun doute possible une des causes majeure du déficit de la caisse des retraites. C'est vrai que du temps des 39 heures, on n'avait pas l'once d'un problème pour les retraites, et que passer 4 heures de plus au bureau à se toucher la nouille bosser dur permettra certainement de renflouer le déficit abyssal de la caisse des retraites (à ce sujet, il paraît d'ailleurs que plusieurs spéléologues essaient encore d'en trouver le fond).

Mais l'idée la plus intéressante n'est pas là ; les Jeunes Pour la France (appelons les JPF, ça nous rappellera Jean-Pierre Foucault) proposent la création d'un salaire parental. On tient là une idée vraiment innovante... Alors, supposons que cette mesure passe (avec beaucoup d'imagination). Qu'est-ce qui me pousserait à aller bosser alors que je peux rester à la maison avec mes gamins et être payé pour ça ? Nul doute que ça résoudrait le problème des retraites, on serait obligé de rappeler tous les vieux parce que plus personne ne voudrait bosser.
Est-ce que ça pousserait vraiment les gens à faire plus d'enfants ("Tiens chérie, ça fait déjà 3 mois que je suis au chômage, il va falloir penser à lancer un gamin si on veux toucher un salaire à la fin des indemnités") ? Parce que ce salaire de parent au foyer ne devrait pas atteindre des sommets, même si on en fait beaucoup. Et faire des hordes de lardons, ça coûte quand même un bras au fur et à mesure que ça grandit.

Cette jeune mère de famille a compris comment faire fortune. Quelques difficultés financières seront cependant à prévoir au moment où ces charmants bambins commenceront leurs études.

Et pour se réintégrer dans une vie de travail après 20 ans passé à élever des gnafrons, aucune difficulté. J'aime autant vous dire que la section "Crèches et nounous" de la CGT prévoit d'ores et déjà de manifester à ce sujet.

Par contre, les JPF n'envisagent apparemment pas de remonter l'âge légal de la retraite ou d'augmenter les cotisations. Non, ce serait un peu simple...

Acte II : Burqa, Niqab, Hijab, Tchador, c'est non !
"Il ne faudrait pas que l’interdiction de la burqa permette le port du hijab, du niqab et du tchador.
Certes, ces accoutrements dissimulent la femme dans une moindre mesure, mais ils restent des symboles religieux islamiques portant atteinte à la dignité de celle ci. L’islamisation et le communautarisme de notre société ne se résume pas au port de la burqa.
Le Mouvement Pour la France et les Jeunes Pour la France maintiennent que la France n’a pas vocation à devenir une terre d’islam."
La pauvre ne sait pas encore qu'elle va être renvoyée du lycée pour avoir porté un couvre-chef un peu trop islamique.

Le port du Hijab, voila un vrai problème de société. Une fille qui cache ses cheveux, c'est vrai que c'est un problème de société à ne pas négliger. Alors qu'une fille qui se promène en hiver avec un bonnet, un cache-nez et une écharpe, du moment qu'elle soit blanche (ce qui est encore plus le cas en hiver, ou toute l'année dans le Nord), on accepte.
Le vrai problème, c'est bel et bien qu'on pourrait reconnaître qu'elle est musulmane. Alors qu'une bonne soeur comme Mère Teresa qui se ballade avec son voile dans la rue, un juif avec son chapeau juif et ses rouflaquettes, une hindoue avec le tilak, ça ne pose aucun problème (dans le cas des hindous, probablement parce que personne ne connaît cette religion en France).

Passons sur l'usage du terme "accoutrement" (le terme pourrait aussi être utilisé en regardant les photos des membres du bureau national des JPF), et attardons nous sur "La France n'a pas vocation a devenir une terre d'islam". Apparemment, elle n'a pas vocation à devenir une terre d'accueil tolérante non plus. C'est bien connu que le communautarisme tant décrié par les JPF, ça ne concerne que les musulmans. Parce que rester entre blancs, catholiques, Français depuis le temps où Charles Martel a repoussé les basanés à Poitiers, et familles nombreuses, ce n'est pas du communautarisme du tout. C'est très différent, nous, on était là avant. Heureusement que ce sont les mêmes qui disent refuser l'uniformisation culturelle : "Mélangeons nos cultures en restant entre nous".

L'Église catholique prend position contre le port du voile.

Quand on sait que les catholiques pratiquants représentent 8,5 % de la population française et les musulmans 6 %, la première religion étant l'athéisme, suivie de près par l'agnosticisme, je me dis qu'on devrait même leur interdire de construire des mosquées. Ça risquerait de refléter notre diversité, ce serait quand même dommage...

Acte III : Taxes, charges, impôts... c'est trop !
"Ce n’est donc pas en prélevant près de 50% des salaires bruts des français que nous relancerons notre consommation. La pression fiscale qui règne en France oppresse les ménages et pénalise notre économie.
[...] Nombre de dépenses de l’Etat peuvent être réduites, en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux, en stoppant l’immigration (38 milliards d’euros) ou tout simplement en rétablissant l’ordre".
Là, je pense qu'on peut aisément deviner que ceux qui ont écrit ces quelques lignes ont fait de hautes études d'économie. Déjà, je serais curieux de savoir comment ils évaluent le coût de l'immigration. Et ils ont certainement aussi tenu compte de tous ceux qui viennent en France pour travailler et occuper les postes dont personne ne veut, comme dans le bâtiment, et créent de la valeur ajoutée chaque jour qu'ils passent sur le territoire. Mais non, car c'est bien connu que tous les arabes-musulmans-intégristes-clandestins (c'est synonyme) ne viennent en France que pour profiter sans rien faire des allocations, qu'on s'empresse de leur verser, malgré leur situation illégale. D'ailleurs, avec un salaire de parent, ce serait vachement plus facile pour tous les immigrés de trouver du travail, non ? 

Par contre, réduire les impôts va certainement renflouer les caisses de l'état. Car c'est bien connu que tout ce qu'on achète avec nos réductions d'impôts est 100% pur franchouillard. Pas de "made in China", de pétrole de la péninsule arabique ou ce genre de chose.
Et puis c'est vrai que ceux qui payent 50% d'impôts sont ceux qui ont les salaires les plus bas (les ménages oppressés, nous dit-on), et qui en ont le plus besoin. Si on réduit les impôts, aucun risque qu'ils l'investissent dans un paradis fiscal, une île aux Bahamas, ou une villa aux Seychelles, ce sont de bons patriotes qui s'empresseront de relancer la croissance en achetant davantage de saucisson Cochonou et des Clios fabriquée par Renault.

Avec 50 % d'impôts sur son revenu, Liliane B. peine à boucler les fins de mois dans sa maison à l'île d'Arros Saint-Germain des Fossés

Non, pour pouvoir enfin baisser nos impôts, mieux vaut renvoyer les arabes chez eux (parce qu'immigration veut dire arabe et non qualifié, bien sûr, on ne parle pas des suédois, des américains, des ingénieurs marocains, ou des médecins lybiens...).
Et la dette de la France, qui absorbe désormais chaque année plus que la totalité de l'impôt sur le revenu ? Le budget militaire ? Le train de vie de l'état ? Les robes de Bernadette Chirac ? Non, virer les arabes reste le moyen le plus sûr d'assurer notre richesse.

Quand je vois qu'un de leurs slogans est "Pour la dignité de l'Homme, combattons les idéologies", je me dis qu'on n'a pas fini d'entendre des conneries en politique... En même temps, tant mieux ; ça nous permettra de continuer à critiquer les politiques !