samedi 9 juillet 2011

Blanche Neige

Ah, les comptes et légendes que Papi racontait au coin du feu quand nous étions petits. On s'en souvient tous avec émotions, en se remémorant l'odeur de Papi ces moments joyeux. Mais aujourd'hui, il faut bien reconnaître que ce genre d'histoires ne passionne plus grand monde. Voilà donc pour vous, une version re-masterisée de la belle histoire de Blanche-neige.

Il était une fois, il y a pas si longtemps que ça, une jeune femme dont la beauté n'égalait que la blancheur. Elle avait beau s'exposer au soleil, se faire dorer sur la plage, dépenser des fortunes dans des séances UV, rien n'y faisait : elle restait aussi blanche que si elle avait passé toute l'année en Angleterre, aussi blanche qu'une copie de maths en bac littéraire, aussi blanche qu'un casier judiciaire d'homme politique euh, non... enfin, très très blanche, quoi.
Ses amis furent donc rapides à l'affubler de différents sobriquets. Ayant le choix entre Blanc-Cul et Blanche-Neige, cette dernière préféra rapidement la seconde option.


Approchant de sa majorité, Blanche-Neige était promise à un avenir brillant : elle était jolie, et surtout, elle était blanche. Elle disposait donc de tous les atouts nécessaires pour trouver un emploi.
Hélas, un évènement survint qui compromis gravement son avenir...


Le père de Blanche-Neige, cadre supérieur dans une grande société, approchait de la cinquantaine. Dame Nature faisant sont travail, sa femme commençait à avoir sérieusement besoin d'un ravalement de façade, ce qui est fort coûteux et pas remboursé par la sécurité sociale. 
Une rapide étude de marché, assortie d'une analyse technico-économique, lui démontra qu'il était bien plus rentable de s'en racheter une nouvelle : le rapport qualité/prix était nettement supérieur. En bon gestionnaire, il se sépara de sa femme sans plus d'état d'âme, et en racheta une nouvelle 20 ans plus jeune que l'ancienne, à grands coups de bijoux et de promesses (ce qui coûte moins cher que les bijoux, mais qui n'a aucun poids sans eux).
Cette nouvelle femme était fortement imbue d'elle-même et aimait à s'admirer. Elle passait des heures à contempler sa propre image, affichée sur l'écran du Mac par webcam interposée, durant les longues séances qu'elle passait à discuter sur Chatroulette. Chaque fois, le rituel était le même : "Eh, toi ki me mate ds chatroulette, di moi ki é la + belle ? ^^", demandait la marâtre. Les réponses, bien que variées (allant de "C toi la + bonne, cokine !", à "eske tu ve ke l'image de mon sex te dise ske j'pense de la raiponse ?"), aboutissaient généralement à la même idée : le petit haut-parleur à côté de l'écran répétait invariablement qu'on ne pouvait trouver d'égale beauté sur la région 9-3 dans chatroulette. 


Le prix des beaux miroirs qui disent qui est la plus belle a sacrément augmenté ces dernières années.
Jusqu'au jour où, alors qu'elle pianotait la question rituelle sur son clavier, on lui répondit que "Hélas, gente damoiselle, il m'est arrivé de visionner sur mon écran une créature dont la beauté n'égalait que la blancheur, et je suis au regret de vous annoncer que, Dieu m'en soit témoin, je ne peux que louer sa beauté, même si vous avez un sacré cul !". Surprise du ton (et de l'orthographe) de la réponse, elle ne mit pas longtemps à réaliser que sa belle fille avait du utiliser sa session chatroulette plutôt que de réviser son bac. Elle entra dans une colère noire, et jura d'éliminer sa belle-fille, dont la beauté portait ombrage à la sienne.


Elle décida donc de l'abandonner dans le bois de Boulogne, confiante que, étant une femme, elle ne retrouverait jamais son chemin jusqu'au domicile familial. Et en effet, sitôt seule dans la forêt, Blanche-Neige réalisa qu'elle était incapable retourner à la maison.
Fort heureusement, le destin fut clément. Il se manifesta sous les traits d'une jeune femme qui parlait avec un fort accent brésilien et qui disait s'appeler Roberto. Elle/Il lui indiqua qu'il existait un petit hôtel à quelques pas d'ici, où ils cherchaient quelqu'un pour faire les chambres, plus quelques extras. 


Toute heureuse, Blanche-Neige se présenta à la réception du petit hôtel, perdu au milieu des arbres, et tenu par 7 nains. Croyant d'abord avoir trouvé la maison de retraite du personnel de Fort Boyard, elle finit par s'habituer à ce détail fort surprenant. Elle fut embauchée dans l'hôtel pour faire ce qu'elle savait faire le mieux ; le ménage, le repassage et la vaisselle (bein oui, ça reste une femme, quand même). 


Rapidement, la grande beauté de Blanche-Neige attira de nombreux clients dans l'hôtel, et l'affaire des 7 nains prospéra. On venait de la France entière passer la nuit dans cet hôtel, et rapidement, les rumeurs les plus folles circulaires : on parlait de certains extras que dispensait Blanche-Neige aux clients les plus chanceux, ou de certaines activités auxquelles elle se livrait avec 6 des 7 nains (le dernier étant connu pour être un nain puissant...). 
La tenue de femme de chambre de Blanche-Neige, étrangement proche de celle utilisée par la chaîne Sofitel.
Et ce qui devait arriver arriva, cette histoire parvint aux oreilles de sa belle-mère. Elle devint plus jalouse que jamais, et jura de ternir à jamais l'image de sa belle-fille.
Etant un peu sorcière, elle prépara une potion aux effets diaboliques. Le lendemain, elle se présenta à l'hôtel sous les traits de DSK, saint patron des femmes de chambres, et demanda un lit pour la nuit.


On ne saura sans doute jamais dans quoi Blanche-Neige croqua (les versions diffèrent à ce sujet), toujours est-il qu'elle tomba dans un sommeil profond, dont il fut impossible de la tirer. 


Il y a un siècle ou deux, elle aurait sans doute attendu son prince charmant dans un cercueil de verre. Mais la loi contre l'acharnement thérapeutique étant passée par là entre-temps, elle fut conduite à l'hôpital, et débranchée après 6 mois de coma, parce qu'il faut pas déconner quand même, vous savez ce que ça coûte à la société, tout ça ?


Epilogue :
La belle-mère, un temps bien contente de son mauvais tour, fut à son tour bien punie par la vie. Une erreur dans ses potions lui donna soudainement le physique de Roselyne Bachelot et le QI de Steevy Boulay, ce qui eut les effets que vous pouvez imaginer : sa vie fut vite un enfer. Déprimée devant son physique désastreux qui ne provoquait plus rien sur chatroulette, elle perdit rapidement la tête et prit sa carte au parti communiste... une bien triste histoire.  


Voila, voila.... Une bien belle histoire en vérité, qui avait bien besoin d'être dépoussiérée. Nul doute que, sous cette forme, elle se transmettra à travers les âges pour des générations ! Tiens, ça me fait penser que j'ai en ma possession d'autres parchemins qui mériteraient eux aussi d'être un brin dépoussiérés. Si vous êtes sages, vous aurez bientôt tout une collection de belles histoires à lire à vos enfants au coin du feu.

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