lundi 18 juillet 2011

La primaire, c'est secondaire

Il y a bien longtemps, une belle matinée de printemps...

Ce matin là, l'aube aux doigts roses vint comme tous les jours caresser de ses doux rayons le Mont Ida de Troade, au beau milieu d'une nature verdoyante. Une belle journée s'annonçait. Une de ces journées où le soleil brille de mille feux, les oiseaux gazouillent de mille chants, les insectes fourmillent de mille pattes, et les moutons paissent paisiblement dans cette campagne en éveil.  
Au coeur de ce bucolique tableau, le jeune berger forniquant surveillant paisiblement ses brebis était à des lieues de se douter de la rencontre inopinée qui allait changer son destin. 
Aussi, lorsque arrivèrent trois femmes splendides, toutes en formes et en rondeurs, semblant sorties de nulle part, il ne se dit rien d'autre que "Chic, ça me changera des brebis" "Tiens, voila du boudin", enfin, il ne se dit pas grand chose...

Héra aux bras blancs, Athéna aux yeux pers, et Aphrodite sortie des testicules (je vous jure que c'est comme ça qu'on traduit φιλομμειδής, et après on ose dire qu'Homère était un grand poète...), toutes plus belles les unes que les autres, venaient demander conseil au jeune Pâris. En effet, elles avaient un vrai problème :
- Humble Berger aux mains agiles, lui dit Héra, nous avons besoin de toi.
- Humble Berger aux choix habiles, lui dit Athéna, nous voulons connaître ton choix.
- Humble Berger aux brebis dociles, lui dit Aphrodite, qui est la plus belle entre nous trois ?

Pâris considéra un instant sa réponse. Il avait devant lui des femmes qui n'étaient ni sa soeur, ni sa mère, ce qui constituait déjà en soi un fait marquant. Et elles lui parlaient directement, ce qui n'était pour ainsi dire jamais arrivé auparavant. Peut-être que si il leur disait qu'elles étaient belles toutes les trois...

Le voyant hésitant, les déesses renchérirent :
- Parce que, en fait, tu vois, il y a des élections à l'Olympe d'ici quelques mois, et on sait pas vraiment qui on doit choisir d'entre nous pour avoir des chances de remporter l'élection.
- Oui, depuis toujours, ce sont les hommes qui ont dirigé l'Olympe, par l'intermédiaire de leur parti, l'Union des Mecs Puissants. Nous, on s'est regroupées pour former le Parti des Soubrettes, mais vu qu'à chaque fois, on se présente à plusieurs, bein, on n'est pas élues...
- Alors cette fois-ci, on a décidé de s'organiser, et de faire choisir quelqu'un d'autre. Comme ça on enverra qu'une seule personne, et on va sûrement remporter les élections.

Pâris prit un moment pour réfléchir, puis répondit :
- Et pourquoi n'envoyez-vous pas la meilleure d'entre vous ? Celle qui sera la plus apte à diriger l'Olympe ?
La réponse, en la personne d'Héra aux bras blancs, ne se fit pas attendre :
- Alors écoute, petit con : si on te demande de choisir entre nous, c'est justement parce qu'on n'y arrive pas. Figure-toi qu'on est quand même déesses, et pas n'importe lesquelles, et que ça entraîne un sacré sur-dimensionnement de notre ego. Du coup, on se croit toutes la meilleure, on se présente toutes à la fois, et c'est pour ça qu'on perd les élections depuis 20 ans. Alors, tes traits d'analyse à deux drachmes, tu nous les épargnes, s'il te plaît.

Le reste de l'histoire est de notoriété publique : les trois déesses firent des promesses complètement farfelues pour motiver Pâris à faire son choix, à base de "je te donnerai la plus belle femme du monde"... Heureusement qu'elles étaient divines pour pouvoir les rendre crédibles.

Mais c'est bel et bien à ce moment précis que naquit une invention majeure qui détermine encore aujourd'hui la vie politique de notre beau pays : les primaires politiques.

Depuis on a remplacé les pommes d'or par des bulletins de vote, pour des questions budgétaires...
Et c'est pour cela que, pour respecter cette bien belle tradition, il est de coutume qu'un peu avant les élections, toutes les personnes en âge d'être élues et à l'ego sur-dimensionné se retrouvent à Paris, fassent des promesses complètement farfelues et intenables, et remettent le choix de leur candidat final entre les mains d'autrui.

En 2011, la tradition est toujours bien vivace : après plusieurs années passées au niveau maternelle, les socialistes passent à la primaire.
Depuis le printemps dernier, saison des amours et des déclarations, les candidats se déclarent. Et ils se déclarent de manière tellement nombreuse, que l'idée de faire un annuaire et un trombinoscope des candidats déclarés est en ce moment à l'étude Rue de Solférino.

Pour vous faciliter la tâche, et vous donner une idée de l'ampleur du chantier en cours, je vous propose de passer en revue les candidats :

Martine Aubry
Une des candidates les plus en vue, Martine Aubry se présente elle-même comme la candidate du changement. En soi, c'est vachement novateur. Jusque là, tous les candidats qui se présentaient déclaraient qu'ils n'avaient absolument aucune nouvelle idée, qu'ils ne voulaient rien changer, et que finalement, on était pas si mal jusque là.
Elle a également décidé de rompre avec la tradition des engagements qui n'engagent à rien. On trouve d'ailleurs sur son site, en tête de page "Je prends l'engagement de la victoire en 2012". Voila un vrai engagement...

Le recueil des promesses de Martin Aubry pour 2012
Le reste du site présente lui-aussi de vrais combats, loin des promesses consensuelles : on trouve en bonne place "Martine Aubry, pour l'égalité femmes-hommes". Je vous l'avais dit, on est bien loin des phrases consensuelles et rhétoriques avec lesquelles on ne peut qu'être d'accord. Car ça appelle vraiment au débat : nul doute que la majorité va immédiatement se positionner sur le sujet, en lançant une grande contre-campagne à base "Pour la domination de l'homme sur la femme", "Martine, retourne dans ta cuisine", et de "Contre le droit des femmes, pour la dépénalisation du viol, et le retour au Moyen-Age". En Arabie Saoudite, je dis pas, une telle idée aurait certainement suscité le débat, mais en France...

Je ne vous ferai pas l'affront d'étudier son logo de campagne, les images parlent d'elles-même.


François Hollande
Le problème de François Hollande, c'est qu'il s'est trompé de pays. Cet homme a été fait sur mesure pour un autre pays, qui de plus, n'attend que lui.
Il existe en effet un pays, coincé entre la France et la Hollande, avec des gens qui parlent français et des gens qui parlent hollandais, qui n'ont pas de gouvernement depuis plus d'un an, et qui cherchent quelque un qui puisse les réconcilier : je parle bien sûr de la Belgique.
Alors, quand on s'appelle François et Hollande à la fois, c'est un signe du destin. Je conseille donc à François Hollande de faire 200 kilomètres vers le Nord, et de se présenter : il devrait être accueilli en sauveur, et il ne ferait pas concurrence aux autres éléphants candidats du PS.

En plus, il a toujours eu l'air un peu belge (oui, je sais, c'est gratuit, mais honnêtement, il a l'air un peu belge, non ?).

Ségolène Royal
Une fois n'est pas coutume, je pense qu'il faut oublier 2007, et donner à cette femme une deuxième chance. C'est pourquoi je tiens à saluer la bravitude dont elle a fait preuve en se relançant dans le débat politique après une telle déconfitude. La couragitude et la déterminatude dont elle a su faire preuve ne devraient nous inspirer que de l'admiritude, et de la respectitude.
Alors, cessons de ressortir les vieilles inexactitudes (ça se dit vraiment comme ça, je vous assure), et soutenons-là en 2012.

Arnaud Montebourg
Que dire d'un homme qui met des photos dignes d'un skyblog d'adolescente en en-tête de son blog ?
Manuel Valls
De même qu'Arnaud Montebourg, ce futur candidat malheureux est venu récemment rejoindre la valse (hu hu hu...) des candidats socialistes...
Allez, je lui donne 3,5% des votes. Et encore, je suis sympa...

Jean-Michel Baylet
Et là, nous sommes en droit de nous demander : mais d'où sort-il ? A 64 ans, Jean-Michel s'est légèrement enflammé : devant la liste des candidats déclarés qui s'allongeait, il s'est sans doute dit "Et pourquoi pas moi ?". La réponse est simple : parce qu'à part les 0,2% de sympathisants socialistes qui souhaitent voter pour lui, personne ne le connaît..

* * *
Voila, vous savez tout des primaires socialistes, et vous pourrez briller en société lorsque le sujet sera abordé. Vous pourrez même aller voter, si le coeur vous en dit. Mais n'oubliez pas que la primaire, c'est secondaire ; ce sont les présidentielles qui comptent vraiment !

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