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lundi 18 juillet 2011

La primaire, c'est secondaire

Il y a bien longtemps, une belle matinée de printemps...

Ce matin là, l'aube aux doigts roses vint comme tous les jours caresser de ses doux rayons le Mont Ida de Troade, au beau milieu d'une nature verdoyante. Une belle journée s'annonçait. Une de ces journées où le soleil brille de mille feux, les oiseaux gazouillent de mille chants, les insectes fourmillent de mille pattes, et les moutons paissent paisiblement dans cette campagne en éveil.  
Au coeur de ce bucolique tableau, le jeune berger forniquant surveillant paisiblement ses brebis était à des lieues de se douter de la rencontre inopinée qui allait changer son destin. 
Aussi, lorsque arrivèrent trois femmes splendides, toutes en formes et en rondeurs, semblant sorties de nulle part, il ne se dit rien d'autre que "Chic, ça me changera des brebis" "Tiens, voila du boudin", enfin, il ne se dit pas grand chose...

Héra aux bras blancs, Athéna aux yeux pers, et Aphrodite sortie des testicules (je vous jure que c'est comme ça qu'on traduit φιλομμειδής, et après on ose dire qu'Homère était un grand poète...), toutes plus belles les unes que les autres, venaient demander conseil au jeune Pâris. En effet, elles avaient un vrai problème :
- Humble Berger aux mains agiles, lui dit Héra, nous avons besoin de toi.
- Humble Berger aux choix habiles, lui dit Athéna, nous voulons connaître ton choix.
- Humble Berger aux brebis dociles, lui dit Aphrodite, qui est la plus belle entre nous trois ?

Pâris considéra un instant sa réponse. Il avait devant lui des femmes qui n'étaient ni sa soeur, ni sa mère, ce qui constituait déjà en soi un fait marquant. Et elles lui parlaient directement, ce qui n'était pour ainsi dire jamais arrivé auparavant. Peut-être que si il leur disait qu'elles étaient belles toutes les trois...

Le voyant hésitant, les déesses renchérirent :
- Parce que, en fait, tu vois, il y a des élections à l'Olympe d'ici quelques mois, et on sait pas vraiment qui on doit choisir d'entre nous pour avoir des chances de remporter l'élection.
- Oui, depuis toujours, ce sont les hommes qui ont dirigé l'Olympe, par l'intermédiaire de leur parti, l'Union des Mecs Puissants. Nous, on s'est regroupées pour former le Parti des Soubrettes, mais vu qu'à chaque fois, on se présente à plusieurs, bein, on n'est pas élues...
- Alors cette fois-ci, on a décidé de s'organiser, et de faire choisir quelqu'un d'autre. Comme ça on enverra qu'une seule personne, et on va sûrement remporter les élections.

Pâris prit un moment pour réfléchir, puis répondit :
- Et pourquoi n'envoyez-vous pas la meilleure d'entre vous ? Celle qui sera la plus apte à diriger l'Olympe ?
La réponse, en la personne d'Héra aux bras blancs, ne se fit pas attendre :
- Alors écoute, petit con : si on te demande de choisir entre nous, c'est justement parce qu'on n'y arrive pas. Figure-toi qu'on est quand même déesses, et pas n'importe lesquelles, et que ça entraîne un sacré sur-dimensionnement de notre ego. Du coup, on se croit toutes la meilleure, on se présente toutes à la fois, et c'est pour ça qu'on perd les élections depuis 20 ans. Alors, tes traits d'analyse à deux drachmes, tu nous les épargnes, s'il te plaît.

Le reste de l'histoire est de notoriété publique : les trois déesses firent des promesses complètement farfelues pour motiver Pâris à faire son choix, à base de "je te donnerai la plus belle femme du monde"... Heureusement qu'elles étaient divines pour pouvoir les rendre crédibles.

Mais c'est bel et bien à ce moment précis que naquit une invention majeure qui détermine encore aujourd'hui la vie politique de notre beau pays : les primaires politiques.

Depuis on a remplacé les pommes d'or par des bulletins de vote, pour des questions budgétaires...
Et c'est pour cela que, pour respecter cette bien belle tradition, il est de coutume qu'un peu avant les élections, toutes les personnes en âge d'être élues et à l'ego sur-dimensionné se retrouvent à Paris, fassent des promesses complètement farfelues et intenables, et remettent le choix de leur candidat final entre les mains d'autrui.

En 2011, la tradition est toujours bien vivace : après plusieurs années passées au niveau maternelle, les socialistes passent à la primaire.
Depuis le printemps dernier, saison des amours et des déclarations, les candidats se déclarent. Et ils se déclarent de manière tellement nombreuse, que l'idée de faire un annuaire et un trombinoscope des candidats déclarés est en ce moment à l'étude Rue de Solférino.

Pour vous faciliter la tâche, et vous donner une idée de l'ampleur du chantier en cours, je vous propose de passer en revue les candidats :

Martine Aubry
Une des candidates les plus en vue, Martine Aubry se présente elle-même comme la candidate du changement. En soi, c'est vachement novateur. Jusque là, tous les candidats qui se présentaient déclaraient qu'ils n'avaient absolument aucune nouvelle idée, qu'ils ne voulaient rien changer, et que finalement, on était pas si mal jusque là.
Elle a également décidé de rompre avec la tradition des engagements qui n'engagent à rien. On trouve d'ailleurs sur son site, en tête de page "Je prends l'engagement de la victoire en 2012". Voila un vrai engagement...

Le recueil des promesses de Martin Aubry pour 2012
Le reste du site présente lui-aussi de vrais combats, loin des promesses consensuelles : on trouve en bonne place "Martine Aubry, pour l'égalité femmes-hommes". Je vous l'avais dit, on est bien loin des phrases consensuelles et rhétoriques avec lesquelles on ne peut qu'être d'accord. Car ça appelle vraiment au débat : nul doute que la majorité va immédiatement se positionner sur le sujet, en lançant une grande contre-campagne à base "Pour la domination de l'homme sur la femme", "Martine, retourne dans ta cuisine", et de "Contre le droit des femmes, pour la dépénalisation du viol, et le retour au Moyen-Age". En Arabie Saoudite, je dis pas, une telle idée aurait certainement suscité le débat, mais en France...

Je ne vous ferai pas l'affront d'étudier son logo de campagne, les images parlent d'elles-même.


François Hollande
Le problème de François Hollande, c'est qu'il s'est trompé de pays. Cet homme a été fait sur mesure pour un autre pays, qui de plus, n'attend que lui.
Il existe en effet un pays, coincé entre la France et la Hollande, avec des gens qui parlent français et des gens qui parlent hollandais, qui n'ont pas de gouvernement depuis plus d'un an, et qui cherchent quelque un qui puisse les réconcilier : je parle bien sûr de la Belgique.
Alors, quand on s'appelle François et Hollande à la fois, c'est un signe du destin. Je conseille donc à François Hollande de faire 200 kilomètres vers le Nord, et de se présenter : il devrait être accueilli en sauveur, et il ne ferait pas concurrence aux autres éléphants candidats du PS.

En plus, il a toujours eu l'air un peu belge (oui, je sais, c'est gratuit, mais honnêtement, il a l'air un peu belge, non ?).

Ségolène Royal
Une fois n'est pas coutume, je pense qu'il faut oublier 2007, et donner à cette femme une deuxième chance. C'est pourquoi je tiens à saluer la bravitude dont elle a fait preuve en se relançant dans le débat politique après une telle déconfitude. La couragitude et la déterminatude dont elle a su faire preuve ne devraient nous inspirer que de l'admiritude, et de la respectitude.
Alors, cessons de ressortir les vieilles inexactitudes (ça se dit vraiment comme ça, je vous assure), et soutenons-là en 2012.

Arnaud Montebourg
Que dire d'un homme qui met des photos dignes d'un skyblog d'adolescente en en-tête de son blog ?
Manuel Valls
De même qu'Arnaud Montebourg, ce futur candidat malheureux est venu récemment rejoindre la valse (hu hu hu...) des candidats socialistes...
Allez, je lui donne 3,5% des votes. Et encore, je suis sympa...

Jean-Michel Baylet
Et là, nous sommes en droit de nous demander : mais d'où sort-il ? A 64 ans, Jean-Michel s'est légèrement enflammé : devant la liste des candidats déclarés qui s'allongeait, il s'est sans doute dit "Et pourquoi pas moi ?". La réponse est simple : parce qu'à part les 0,2% de sympathisants socialistes qui souhaitent voter pour lui, personne ne le connaît..

* * *
Voila, vous savez tout des primaires socialistes, et vous pourrez briller en société lorsque le sujet sera abordé. Vous pourrez même aller voter, si le coeur vous en dit. Mais n'oubliez pas que la primaire, c'est secondaire ; ce sont les présidentielles qui comptent vraiment !

lundi 28 mars 2011

Les aventures du Baron Principe de Précaution

Je suis le Baron Principe de Précaution, mais vous pouvez m'appeler Baron, en toute simplicité. Aujourd'hui, je me porte bien. Mais je pourrais me porter mieux.

Mon principal combat : la précaution. Mais pas de n'importe quelle manière. 
La précaution doit devenir (si elle ne l'est pas déjà) un principe. Par principe, on ne déroge pas à un principe (enfin, en principe, tout du moins), ce qui signifie qu'en toutes circonstances, personne de doit déroger à la règle maîtresse de la précaution. 
Laissez-moi vous en donner ma définition, que vous retrouverez assez largement ailleurs : 
Lorsqu'un développement ou une activité apparaît être porteuse d'un risque probable, non encore confirmé, mais dont la possibilité est identifiée, alors il vaut mieux renoncer à cette activité jusqu'à ce que le risque qu'elle engendre puisse être qualifié et contrôlé.
J'ai fait graver cette définition en lettres d'or sur mon blason, ainsi que tous mes ancêtres. Ah, mes ancêtres. J'en suis tellement fier, que je vais vous raconter quelques-uns de leurs combats. Commençons par mon plus vieil ancêtre connu : Adam de Précaution.

Adam de Précaution - Feu le feu
Remontons il y a 450 000 ans. A l'époque, l'homme vit paisiblement en tribus sans faire de mal à son environnement : l'état le plus satisfaisant dans lequel nous ayons jamais connu l'humanité. 
Imaginez : pas de réchauffement climatique, pas d'ondes dans les airs, pas d'OGM, pas de Justin Bieber, le rêve. Bon, bien sûr il y a quelques inconvénients : la couverture sociale est pas géniale, et il faut bien reconnaître que le confort des cavernes était un peu rustique, mais c'était la vraie vie.

Et un beau jour, tout a changé. Toute la tribu était tranquillement au campement, en train de dépecer quelques lapins fraîchement attrapés. Les enfants jouaient à se poker innocemment et à graver des smileys sur les murs de la caverne, la routine, quoi. 
Soudain, un jeune homme revint au campement en faisant grand bruit. Cet homme, nous l'aurions tous détesté. Visualisez-le un instant ; plutôt bellâtre, adorant faire rire les filles, et ayant toujours des idées farfelues en tête (il marmonnait sans cesse que le capital appartenait aux travailleurs, que l'Internationale serait le genre humain... bref des idées sans aucun sens et que personne ne comprenait). En un mot, c'était un progressiste - ce simple mot me fait frémir d'horreur. 
Ce jour-là, il est revenu en triomphe au campement apportant triomphalement un branche en feu. Rendez-vous compte du danger. Non seulement personne ne maîtrisait le feu à cette époque, mais en plus nous en connaissions tous les risques : il peut déclencher des incendies ravageurs que personne ne sait éteindre, il peut faire mal aux enfants qui s'en approchent trop et laisser des séquelles à vie à quiconque le touche.
Malgré ça, ce jeune blanc-bec paradait comme un jeune coq avec sa branche en feu. Il persistait à ne voir qu'une partie du problème, en disant qu'il pouvait faire cuire la viande (alors même que nous l'avions mangée crue depuis des années et que cela n'avait jamais posé de problème), que cela pouvait faire fuir les animaux (alors que nous avions déjà des pointes pour cela), nous réchauffer (alors que les femmes servent à ça) et bien plus encore. Et simplement parce qu'il l'avait fait une fois, il estimait maîtriser le feu. L'insolent...

Encore aujourd'hui, certains individus malhonnêtes veulent vous faire croire que le feu, c'est kikinou.
C'est alors qu'Adam de Précaution, un homme bien comme j'aimerais être quand je serai grand, est intervenu : "Jeune impertinent, déclara-t-il d'un ton majestueux en levant un bras impérial, as-tu seulement envisagé les risques ?". Vous auriez vu la tête de ce petit morveux. Il ne savait tout bonnement plus ou se mettre. Il essaya vaguement de bredouiller un début d'explication, quand Adam de Précaution ajouta : "Faudra-t-il que tu te brûles avant que tu ne jettes cette branche au loin ?".
Mon ancêtre avait gagné la partie, et ne sachant que répondre, la tête-brulée (c'est le cas de le dire) jeta au loin la branche et abandonna l'idée de se servir du feu.

Bon, par la suite, malheureusement, d'autres tribus n'avaient pas un de mes ancêtres pour les rappeler à l'ordre, et le feu fut malheureusement adopté par l'espèce humaine. Mais à quel prix ? L'Homme avait mis le pied dans une spirale progressiste qui l'entraînerait à sa perte.

Eric de Précaution : voila la voile
Faisons un bon dans le temps qui nous amène à 3000 avant Jésus Christ, dans un endroit proche de l'actuelle ville de Singapour. 
A cette époque, la tribu de mon ancêtre, Eric de Précaution, vit paisiblement dans un village côtier, se nourrissant de poissons et de fruits frais, s'habillant de pagnes et de colliers de fleurs (ce qui est un gros avantage quand on vit avec la Mélissa Theuriau de l'époque, mais beaucoup moins quand on vit avec la Christine Boutin de l'époque), bref, en harmonie avec la nature. 
Malheureusement, dans le village vivait un jeune blanc-bec, ce genre de jeune fou qui veut émerveiller les filles avec des inventions à la noix de coco. Son truc favori ; glisser sur les vagues avec une planche en bois. Une activité parfaitement inutile, dangereuse et tape-à-l'oeil, une illustration parfaite de cet individu.
Et v'la-t'y pas qu'un beau jour, ce fanfaron revient au village avec, selon ses termes l'invention du siècle : la voile. Il a fixé des feuilles de palmier tressées sur une pirogue, et prétend pouvoir naviguer sur l'océan sans avoir à pagayer. Il parle d'explorer et coloniser d'improbables îles, alors que cette activité est hautement inutile. Selon ses termes, il a même caréné le fond de sa pirogue, ce qui lui permet de crier à qui veut l'entendre "Tous à voile et on se carène" (phrase qui se déformera par la suite pour être scandée par les milieux étudiants, mais je m'égare...). 

C'est alors qu'intervint mon ancêtre, Eric de Précaution (un homme bien comme ce que je veux être quand je serai grand) : "Oh là, pédant ! As-tu seulement pensé aux risques ?". Paf, le petit morveux était bien mouché par cette phrase bien envoyée. Les risques étaient énormes. On pouvait se faire emporter par le vent sans pouvoir le contrôler, se retrouver bloqué ou perdu au milieu de l'océan, sans compter les multiples dangers non mesurables que l'on pouvait rencontrer sur de nouvelles îles. Qui sait ce que l'on aurait pu trouver ; des peuples hostiles et belliqueux, des maladies contagieuses, des espèces animales dangereuses ?
Puis mon ancêtre Eric ajouta : "Ne te voile pas la face, tu sais quels en sont les risques". (Cette phrase lui a d'ailleurs valu de se faire décerner la légion d'honneur à titre posthume par Nicolas Sarkozy, qui a repris des siècles plus tard ce combat contre les voiles). L'impudent était toqué, mon ancêtre triomphait.

Par la suite, le prénom Eric a souvent été associé à des histoires de voile.
Malheureusement, les dangereux de cette espèce sont monnaie courante, et, certainement par provocation, une tribu voisine reprit bientôt cette dangereuse invention pour courir au devant d'on-ne-sait quels dangers. Et regardez le résultat aujourd'hui : c'est ce qui a permis aux chinois de nous envahir de leurs produits bon marché dès l'Antiquité.


Il y eut une période au Moyen-âge pendant laquelle mes nobles ancêtres ont réussi à tuer dans l'oeuf toute velléité d'innovation dangereuse. Pendant, plusieurs siècles, le principe de précaution a régné en maître sur un monde qui, enfin, se stabilisait. Pas de nouveauté qui entraîne des risques inconnus : le bonheur.

Mais hélas, la spirale du progrès a repris de plus belle, emmenant l'humanité vers des risques sans cesse plus grands, des catastrophes sans cesse plus désastreuses plus l'homme et son environnement. Bien sûr, on pense à Hiroshima, Tchernobyl, le trou dans la couche d'ozone... Celles-ci sont les plus visibles des conséquences des innovations humaines. Mais il y a pire ; celles qui tuent tous les jours, celles dont le risque est encore plus grand. Deux de celles-ci sont de parfaits exemples : l'automobile et l'électricité. Rien de ce que mes ancêtres ont pu faire n'ont su enrayé la situation (il faut dire qu'après 1789, la noblesse avait un peu perdu en popularité en France).

L'automobile est une violation parfaite du principe de précaution. Elle a engendré une hausse dramatique des émissions de gaz à effet de serre, elle tue directement 1,3 millions de personne dans le monde chaque année, et en blesse près de 50 millions, selon l'OMS. Et tout le monde trouve ça normal. 
Il en est de même pour l'électricité : malgré le fait qu'elle représente un danger mortel dans chaque maison, et que sa production soit la principale cause du réchauffement climatique (avec l'automobile), personne ne pense à la remettre en cause. Mon ancêtre de l'époque, pourtant bien au courant des risques (et là, je me gausse), n'a su empêché le courant de continuer sur un mode alternatif.
Ah, si seulement à l'époque on avait appliqué à la lettre le principe de précaution ; aujourd'hui on serait bien mieux. 
Un des effets néfastes de l'électricité : la coiffure d'Alain Souchon.
Mais il n'est pas encore trop tard. Dès aujourd'hui, nous pouvons :
  1. Appliquer strictement le principe de précaution pour toutes les nouveautés actuelles et futures. Est-il encore besoin de le démontrer, nous n'avons besoin d'aucune nouveauté, puisque jusque là, on s'en sortait très bien. Appliquons le principe de précaution de manière systématique et obligatoire : moratoires, attentes, interdictions, n'hésitons surtout pas à condamner la nouveauté. A l'avenir, jugeons une nouveauté à ses risques, et ne prenons surtout pas en compte les améliorations qu'elle pourrait apporter. C'est ce que font déjà certains groupes écologistes, c'est bien, mais il faut continuer.
  2. Revenir en arrière. Toutes ces inventions diaboliques dont les conséquences sont désastreuses pour l'homme et l'environnement ne servent à rien. On vivait mieux avant, et le progrès n'est qu'une belle idée créée de toutes pièces pour masquer les risques. Bannissons dès aujourd'hui le nucléaire, le pétrole, la voiture, l'électricité, la voile, le feu, tout ! C'est ce que réclament les partisans de la décroissance : je suis de tout coeur avec eux.
Mon combat est un combat de tous les instants, et je vous invite à m'y rejoindre. Enfin, si on améliorait nos conditions de vie en innovant, et si prendre des risques quels qu'ils soient pouvait améliorer notre quotidien, ça se saurait. Non ?

mardi 5 octobre 2010

Que voyez-vous sur cette image ?

Que voyez vous sur ce tableau ?
Un point, une tâche noire. Qu'y aurait-il d'autre à voir sur ce tableau que cette horrible tâche en plein milieu. C'est bien simple, on voit qu'elle.

Pourtant, 99% du tableau est blanc... 

Notre manière de voir ce tableau est révélatrice de notre manière de voir la société. On ne voit que la tâche noire en plein milieu, quand bien même le reste est blanc.
Pire, on en vient même à faire abstraction du blanc. Que représente le tableau ? Une tâche noire, rien d'autre.
C'est ce qui fait dire aux gens que le monde va mal. "Mais ne vois-tu pas cette tâche noire ? Comment peux-tu dire que le monde va bien ?".

Encore plus grave, on exagère cette tâche noire. Ecoutez autour de vous, quelles phrases entendez-vous ? "Les choses vont de pire en pire", "On va droit dans le mur", "Les gens n'ont plus de valeurs", C'était bien mieux avant", "Autrefois, on n'aurait jamais vu ça"... Je suis sûr que chaque jour de votre vie, vous pouvez entendre au moins une de ces phrases. 
Et devinez-quoi ; il y a 100 ans, on disait déjà la même chose, il y a 200 ans aussi, et il y a 2000 ans, pareil.

Pourtant, regardons un peu en arrière.
Il y a 7000 ans, les hommes ne savaient pas cultiver la terre ou élever des animaux. Leur seule préoccupation était de savoir ce qu'ils allaient manger le lendemain. Un homme blessé était un poids pour sa tribu, il était laissé à l'écart et dévoré par les bêtes sauvages.
Il y a 3000 ans, les hommes savaient faire des outils et des armes. Ils s'en servaient pour attaquer les civilisations voisines, et vivaient quasiment constamment dans la guerre. Un bon dirigeant était un conquérant, et la guerre était considérée comme un des arts les plus nobles par les civilisations les plus développées.
Il y a 1500 ans, l'Europe vivait sa période la plus sombre. La justice pour tous était une idée qui n'existait pas encore, chaque ville ne pensait qu'à faire la guerre à sa voisine, les famines se succédaient et les paysans mouraient ou se faisaient tuer sans que cela ne choque personne. Il n'existait pas un régime politique dans le monde où le peuple ait quoi que ce soit à dire.
Il y a 800 ans, le monde s'étripait pour des histoires de religions. Des guerres immenses étaient lancées dans tout le monde occidental dans le simple but d'exterminer des hommes qui pratiquaient une autre religion. En Asie, la coutume quand on prenait une ville ennemie était de la raser, de la brûler, de violer puis d'égorger toutes les femmes, et de tuer ou réduire les hommes en esclavage.
Il y a 650 ans, la peste noire tuait 25 millions de personnes, sans que personne ne sache quoi faire, ni ne comprenne qu'elle était due à un virus invisible à l'oeil nu. Dans toute l'Europe de l'ouest, une personne sur deux en mourait.
Il y a 300 ans, l'Europe colonisait le monde. Les populations locales étaient réduites en esclavage et exploitées, mais tout le monde trouvait ça normal. Le concept d'égalité entre les Hommes n'existait même pas.
Il y a 200 ans, les pays en guerre étaient plus nombreux que les pays en paix. Quasiment chaque homme connaissait dans sa vie au moins un champ de bataille.
Il y a 60 ans, le monde entier était en guerre pour la deuxième fois, battant le record de morts en une période aussi courte. Des armes nucléaires étaient utilisées sur des populations civiles, faisant des centaines de milliers de morts innocents.
Il y a 30 ans, le monde craignait d'être détruit par une guerre nucléaire. Les Etats-Unis et l'URSS avaient chacun de quoi faire exploser 5 fois la Terre.

Maintenant, regardons un peu l'époque à laquelle on vit. Aujourd'hui 50% des Etats du monde sont une démocratie, contre 10% en 1946. Aujourd'hui, des gens s'engagent pour réduire la pauvreté dans des pays à l'autre bout du monde. Aujourd'hui, il existe des générations sur des continents entiers qui n'ont plus connu de guerre. Aujourd'hui, nous sommes capables de faire vivre des gens dont le corps ne leur permettrait pas de dépasser les 10 ans sans assistance, nous sommes capables de greffer des organes, de soigner des maladies qui auraient tué il y a un siècle, de faire lire des aveugles et de parler avec des sourds-muets. Aujourd'hui, nous pouvons nous rendre à l'autre bout de la Terre en une journée sans craindre de mourir au cours du voyage.

On se plaint que notre gouvernement ne nous représente pas assez bien, mais il y a 400 ans, aucun gouvernement ne représentait son peuple.
On déplore qu'il y ait encore des gens racistes, mais les noirs étaient considérés comme des animaux il y a encore 200 ans. 
On déplore que l'on consomme trop d'électricité mais on ne connaissait même pas l'électricité il y a 150 ans.
On déplore que les femmes souffrent encore d'inégalité, mais elles n'ont eu le droit de vote en France qu'il y a 65 ans.

Maintenant, êtes-vous toujours aussi sûrs que les choses sont de pire en pire ? Que la tâche noire grossit ? Etes-vous bien sûrs qu'il n'y a pas un peu de blanc autour ?

Oh, bien sûr, cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas combattre cette tâche noire, qu'il ne faut pas se battre pour qu'elle soit encore un peu plus petite demain. Plutôt que de se plaindre de l'obscurité, allume une chandelle, dit un proverbe. 
On pourrait chacun faire des efforts pour rendre ce monde un tout petit meilleur, juste en essayant autour de nous. On pourrait essayer d'aller grignoter un peu plus cette tâche noire, pour qu'un jour, les gens regardent ce tableau et disent ; "Ce tableau ? C'est un tableau blanc ! Ah, ce petit point noir ici, au centre ? Tu vois, il était tellement petit que je ne l'avais même pas vu !".

Et maintenant, que voyez-vous sur cette image ?