mercredi 29 décembre 2010

Mega requin contre poulpe géant : ils ont osé !


Je suis tombé il y a peu sur un trailer de film, que je me permets de vous présenter dans cet article. Il s'agit sans aucun doute d'un chef d'oeuvre du 7e art, qui restera dans les annales du cinéma.


Je dirai bien que ça se passe de tout commentaire, mais non, c'est trop fort, il faut que je commente. 

Dans cette courte scène du film, on voit un avion de la Condor Airlines qui traverse un violent orage. Quand soudain, un acteur au jeu très convaincant (ne doutons pas que ce rôle lui servira véritablement de tremplin) s'écrie "Holy shit" en voyant par son hublot - devinez quoi - un requin.
Si si, un requin.... Un requin qui fait environ 4 fois la taille de l'avion, soit environ 150 mètres de long. C'est assez courant chez un requin. Et vu que ce requin est très gros, même les menus XXL de chez MacDonalds ne suffisent pas à le nourrir ; il mange donc des avions réputés pour leur chaire tendre et goûtue. Tout le monde sait que les requins ne se nourrissent que de métal.
En plus d'avoir une très bonne vue qui lui permet de repérer un avion au dessus de la surface de l'eau (vous essayerez de voir passer quelque chose dans le ciel quand vous êtes sous l'eau), notre ami requin est également capable de sauter allègrement quelques milliers de mètres pour venir choper une carcasse métallique se déplaçant à 800km/h. Il est très fort ce requin.

Notre ami requin est myope, il confond les ponts suspendus et les poissons.

Je suis allé voir le film, pour en avoir le coeur net. Il fallait que je sache. Il fallait que je le voie pour y croire. N'y allez pas, je vous en supplie. 

Dans le film, notre ami requin retrouve un pote poulpe, qui fait à peu près la même taille, et avec qui il a été congelé en plein milieu d'un combat préhistorique. Paul le poulpe préfère manger les stations de pompage offshore et prédire les résultats de la coupe du monde, mais il finit par retrouver son ennemi le requin (forcément, avec une taille comme ça). Après avoir mangé quelques porte-avions, deux ou trois sous-marins et le Golden Gate Bridge de San Francisco (ce que les Américains n'apprécient que moyennement), les deux animaux se retrouvent et se détruisent dans un combat apocalyptique. Par dessus ça, une équipe de scientifiques américains enquêtent sur cette sombre affaire, et l'armée américaine trouve là une bonne occasion de se dégourdir les jambes. 
Le jeu d'acteur est fabuleux, les effets spéciaux sont à couper le souffle (je pense même qu'ils ont du utiliser Paint pour faire certains montages), et le scénario n'en finit pas de rebondir pour nous tenir en haleine jusqu'au bout. En deux mots, nous avons affaire à une des plus grosses daubes que le cinéma n'ait jamais pondues.


Pour avoir vu le film, je peux vous jurer qu'il n'est pas fait pour être pris au second degré. Et ce qui me fascine le plus dans toute cette histoire, c'est qu'il y a du avoir une équipe entière qui a accepté de se lancer dans un projet comme ça ; un scénariste qui a pondu un truc comme ça, un réalisateur qui trouvé l'idée intéressante, une boîte de production qui a accepté de financer le film... J'adorerais rencontrer ces gens là. 


Mais le pire dans cette histoire, c'est qu'ils ont décidés de faire une suite, qui s'appellera Mega Shark vs Crocosaurus (Mega requin contre Crocosaure). Bon sang, comment est-ce possible ?
(Sortie le 21 décembre 2010 aux Etats-Unis, et -Dieu merci- pas de date de sortie prévue en France).

- snif -

lundi 20 décembre 2010

Enfin un Noël rentable !

Lundi 20 décembre, 23h, dans une usine au Sud du Cambodge. Un petit enfant, que nous appellerons Jean-Louis (Réachéanachâkr, ça faisait pas vendeur) essuie rapidement une larme goutte de sueur qui coule sur sa joue. S'il travaille bien aujourd'hui, il sait que son patron sera content de lui. Il lui donnera un de ces billets verts qu'il affectionne tant, et il pourra peut-être s'acheter le magazine de Playboy le jouet dont il rêve.

Jean-Louis contemple sur son uniforme vert le petit logo rouge et blanc "Christmas Corporation", avant qu'un coup de fouet bien ajusté vienne le rappeler à sa tâche ; emballer des sex-toys en plastique pour les ménagères françaises de moins de 50 ans. Un gros contrat pour lequel la Christmas Corporation a du couper ses marges de manière importante.

- Au boulot, le lutin, lui rappelle d'une voix douce le chef de ligne, un gentil ex-milicien américain qui a perdu un bras en Iraq.
Les lutins, c'est leur nom, à lui et à ses collègues, des enfants qui ont eu l'immense honneur de se voir confier un travail plutôt que d'aller à l'école. Tout le monde sait bien en effet que l'école, et surtout les notes, traumatisent les enfants. Alors qu'au travail, pas de notes ; juste des appréciations du chef de ligne. Ils portent tous un uniforme vachement sympa avec un petit bonnet à grelot (pour qu'on puisse les entendre si ils cherchent à s'échapper).

Afin de respecter l'esprit de Noël, les gentils chefs de ligne de la Christmas Corporation ont déguisé leurs chiens. Quelle bande de déconneurs !
Cette année est un peu différente des autres. C'est la crise. Le patron de Jean-Louis, un gros Finlandais alcoolique qui s'habille toujours en rouge et blanc, le leur a bien expliqué. La concurrence chinoise est très rude sur le marché de Noël, principalement grâce à l'automatisation des lutins de Noël sur les chaînes d'emballage. Le géant chinois 在尊嚴和權 (ça se prononce comme ça s'écrit) a en effet avalé d'énormes parts de marché en concentrant ses offres sur les produits à forte rentabilité (électronique, machines à expresso, bustes de Nicolas Sarkozy...) et en laissant tomber les produits de faible intérêt comme les livres, les colliers de nouilles, la déclaration des droits de l'homme...

En effet, il y a quelques années, un rapport de l'OMC avait jugé Noël comme "une coutume amusante, mais dont la rentabilité et la libre concurrence pourraient être améliorées". 
C'est alors qu'a éclaté le scandale que tout le monde connaît. Un homme, dont la date de naissance était trop éloignée pour être vraie, abusait visiblement d'une position dominante sur le marché. En dehors des fraudes aux droits de douanes et aux conditions d'entrée sur les territoires souverains (il utilisait un véhicule aérien non homologué et non déclaré pour passer clandestinement les frontières), c'est la saisie de son ordinateur qui a permis de l'inculper. On y avait trouvé une base de données non déclarée à la CNIL, plus complète que le fichier EDWIGE, concernant des mineurs... Plusieurs centaines de pays étaient concernés. Une sombre affaire, mais qui avait permis d'ouvrir le marché à la concurrence (concept qui mène à la rentabilité, donc à la civilisation, donc au Bien, donc de droite).

Petit à petit, pour des soucis évident de rentabilité (civilisation -> Bien -> de droite), l'activité a été délocalisée dans les pays émergents (dont on ne voudrait surtout pas qu'ils émergent trop), et par souci de rentabilité tradition, l'activité a été assurée par des lutins, qui ne pouvaient être que des enfants (les nains individus de moins de 1 Sarkozy de haut ont également été envisagés, mais ils étaient trop rares). 

Et il faut bien reconnaître que le bilan de l'opération est entièrement positif :
  • La livraison des biens de consommation, autrefois appelés cadeaux, se fait à moindre coût,
  • Le produit commercial Noël™ ® ©, dont l'organisation évènementielle est assurée par la société américaine Endémol, respecte enfin les standards de l'OMC,
  • Des milliers d'enfants cambodgiens, chinois et taïwanais ont désormais un salaire et peuvent enfin travailler plus pour gagner plus (aspiration légitime de chaque être humain, comme chacun sait).
Plus disciplinés, plus efficaces, et impossible à différencier ; les avantages de sous-traiter Noël aux chinois sont évidents.
Seul petit problème, une légère hausse des erreurs dans les expéditions, principalement due à la faible ouverture des yeux des chinois, trop petite pour voir d'un seul coup l'adresse sur le paquet (essayez de vous brider les yeux, et vous vous rendrez compte).

"C'est vrai que le prix a bien baissé, témoigne Emile-Robert Petibidon, mais en même temps, c'est bien normal. Rendez-vous compte, ils bossent à peine un mois dans l'année. En plus, avec l'âge auquel ils commencent à travailler, ils ont la mort retraite à 45 ans. Alors il manquerait plus qu'ils se plaignent !"
"Ça nous a demandé quelques adaptations sur nos produits, au début, se souvient Marie Dredu, vendeuse de pères Noël™ ® © en plastique. Il a fallu passer toutes nos figurines en version jaune-et-bridées. Mais une fois le changement fait, aucun problème ; en plus ils sont plus petits et plus maigres, donc on économise sur la matière première de nos figurines".

Depuis peu, on assiste même a des initiatives nouvelles pour redynamiser l'image vieillissante et poussiéreuse de Noël™ ® ©, et ainsi relancer la croissance. Certaines sociétés, soucieuses de l'environnement, ont constaté qu'une proportion importante de cadeaux ne plaisaient pas à leurs destinataires. En repoussant la date de Noël de quelques jours dans certains pays, ces entreprises peuvent ainsi racheter des cadeaux de seconde main, et les recycler à prix cassés dans les pays pauvres en voie de développement, en prenant une seconde marge sur un produit déjà amorti.
D'autres, comme la société Sexy Noël, parrainée par Roselyne Bachelot (non, je plaisante, bien entendu), n'ont pas hésité à remplacer le Père Noël™ ® © par des figures féminines plus jeunes et plus attirantes.

Sérieusement, vous préférez vraiment un vieux barbu ivrogne, gras et incontinent ?
Un bel exemple qui nous montre que l'action conjuguée des pouvoirs publics, des grandes entreprises et des organismes internationaux peut faire bouger les choses, et permettre que Noël™ ® © reste une activité rentable, pérenne (jusqu'à la prochaine crise), et demeure une fête pour tout le monde.

N'oubliez donc pas d'acheter beaucoup de cadeaux très chers pour relancer la croissance. Et si vous n'avez pas encore d'idées de cadeaux, je vous conseille de lire cet article qui devrait vous donner quelques idées...

dimanche 12 décembre 2010

Appel pour supprimer les notes pas seulement à l'école

Il y a peu, une vingtaine de personnalités (dont pas un professeur) lançaient un appel pour la suppression des notes à l'école. Cet appel a fait grand bruit dans les médias et sur la toile. Pas autant que la neige, certes, car il est bien connu que l'arrivée de la neige, évènement exceptionnel, inattendu chaque année, et scientifiquement inexpliqué est bien plus important que tout le reste de l'actualité.

Parce que, voyez-vous, les notes traumatisent, stigmatisent et infantilisent nos charmantes têtes blondes. Comme les notes ne peuvent être que mauvaises, et que les enseignants se contentent de mettre des notes cruelles sans jamais rien expliquer, les notes ne peuvent que traumatiser les élèves. Les esprits éclairés qui ont lancé l'appel préfèrent qu'on laisse tout le monde dans le flou le plus longtemps possible, et qu'on ne mette surtout rien en place pour indiquer à l'enfant s'il est bon ou mauvais dans tel ou tel domaine. Tous égaux, tous uniformes, tous médiocres, voila la recette de l'égalité à la française.

Mais ne nous étendons pas sur ce sujet (je vous invite, pour ceux qui veulent s'étendre, à lire la note d'un confrère sur ce sujet). Des scientifiques hautement qualifiés ont prouvé que les notes ne sont pas bonnes pour les enfants, c'est indiscutable. Mais à mon humble avis, ils ne sont pas allés assez loin. 
En effet, les notes sont traumatisantes pour les enfants, mais pas seulement. On sous-estime très certainement l'influence des notes sur les adultes. Et si les notes sont mauvaises pour les enfants, j'entends prouver qu'elles sont également mauvaises pour les grands enfants que nous sommes. De plus, si l'école est censée nous préparer à la vie adulte, alors autant adapter le monde des grands pour que nos chérubins ne se trouvent pas dépourvus une fois sortis du monde enchanté et merveilleux de l'école (diguedondon, diguedondaine, chantons tous en coeur).

Attention, cette image d'un professeur compréhensif parlant avec ses élèves est en fait un photo-montage. En vrai, les profs ne font que mettre des notes, mauvaises, qui plus est.

Laissez-moi vous raconter une petite histoire, vraie, bien entendu.

Georges Papandreou était un homme heureux. A défaut d'avoir un nom de merde, il a réussi une jolie carrière. Et grâce à quoi ? Grâce au système éducatif de son pays, naturellement (il est bien connu que c'est l'unique moyen de réussir, moyen qui donne ses chances à tout le monde, youpi !). En effet, le ministère de l'éducation grec a décidé il y a bien longtemps d'abandonner les notes à l'école. Plus que ça, les notes ont aussi été supprimées du collège, du lycée et des universités, car jugées trop dures à encaisser pour ceux qui sont l'avenir du pays. 
Georges a donc eu les moyens financiers la chance d'être tiré au sort pour aller à l'Institut des Hautes Etudes Politiques, dont il a été diplômé facilement, comme tout le monde d'ailleurs, puisque les notes ont été supprimées, et que ces charmants enfants ont tous montré beaucoup de courage et de bonne volonté.

Plus tard, Georges a fait une brillante carrière. Il a été choisi pour être premier ministre. En effet, les élections avaient le principal défaut d'attribuer un pourcentage aux candidats qui se présentaient, ce qui était vraiment traumatisant, surtout pour les candidats du parti communiste qui réalisaient régulièrement des scores entre 1% et 1,3%. Les conséquences sur ces charmants politiciens étaient désastreuses et laissaient des séquelles irréparables, certains allant même jusqu'à soutenir Ségolène Royal suite à un échec personnel aux élections. On a donc décidé d'évaluer les politiciens en fonction de leurs capacités, plutôt que de leur attribuer des notes aux conséquences cataclysmiques. Georges a reçu l'appréciation "Acquis / A+" en langue de bois, en sécurité intérieure, en immigration et défense des frontières et en géopolitique, et "En Cours d'Acquisition / ECA+" en économie et en anglais. Il est donc devenu premier ministre. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Les notes des élections politiques ont des conséquences désastreuses, la preuve...

Mais il existe un groupe d'entités qui n'a rien, mais alors vraiment rien compris à la psychologie de l'être humain et aux valeurs d'égalité et de bisounourserie. Ces entités s'appellent Moody's, Fitch Ratings et Standard and Poor's, et sont agences de notation financières. Et figurez vous que ces cabinets (bouh, les vilains, la peste soit de ces affreux jojos) osent mettre des notes aux différents pays du monde, au mépris des conséquences que ces notes peuvent avoir sur les individus.
Alors certes, elles ont essayé de faire des efforts. Plutôt que de mettre des notes sur 20, elles ont inventé une échelle allant de AAA à D, en passant par des BAA1, BA3 ou CCC+ (authentique), histoire de ne pas trop traumatiser les politiciens. 

Et figurez-vous que ces agences, suite à un contrôle surprise, ont décidé de mettre une mauvaise note à Georges Papandreou. Il lui ont mis BBB-, qui correspond à un "En Cours d'Acquisition -", ce qui est un peu mieux que "Non Acquis +++", mais un peu moins bien que "Bientôt Appris Mais Pas Encore =".
Et les conséquences ont été désastreuses ; le pays tout entier a sombré dans la dépression, traumatisé par cette note. Des millions de personnes ont manifesté pour la suppression des notes en politique, et le petit Georges s'est mis à boire, à regarder la Nouvelle Star et à vouloir mettre des notes à ses enfants. Une bien triste histoire en vérité...

Manifestation anti-notes en Grèce

Ce petit exemple illustre bien à quel point les notes sont un outil diabolique, destiné uniquement à détruire les individus. D'ailleurs une récente étude a prouvé que le IIIe Reich utilisait des notes dans ses écoles (les scientifiques et les historiens ayant fait l'étude se sont vus attribuer un joli point Godwin). 


C'est pourquoi je lance ici un appel pour la suppression des notes en politique. Merci de le signer en commentaire de cet article, et je suis sûr qu'ensemble nous pourrons faire changer les choses. 
Sur ce, je m'en vais noter les photos officielles des candidates à l'élection de Miss France, la France a (encore) besoin de moi. D'ailleurs, vous aussi, n'hésitez pas à noter cet article en commentaire !

vendredi 3 décembre 2010

Wikifuites : le Wikileaks à la française

Depuis quelques jours, les journalistes du monde entier usent leurs claviers pour décortiquer jusque dans les moindres détails les quelques 250000 télégrammes américains qui ont été relâchés dans le domaine public par le site suédois Wikileaks.

250000, ça fait une somme, ma brave dame. Et tout ça sans qu'on s'en aperçoive. Parce que la copie de 250000 fichiers, ça ne doit pas passer inaperçu sur un réseau. M'est avis qu'il y a du avoir quelques licenciements suite à cette affaire. (Note personnelle : ne pas demander aux américains d'améliorer la sécurité informatique des réseaux diplomatiques français. Les Nord-Coréens ont l'air pas mal dans ce domaine).

Traduction : "Essaye de publier nos télégrammes et voila ce qu'on va t'envoyer". La Corée du Nord est très forte en matière de sécurité des réseaux.

Mais là n'est pas le coeur de la question. Considérons plutôt ce que les journalistes et les médias retirent de cette masse d'information à l'état brut. Et lorsqu'on voit ce qu'il ressort, deux constats sont frappants :

Premier constat : les gros titres veulent du people. Il suffit de voir quels articles sont les plus développés dans les journaux. On se fout pas mal des tensions entre le Yemen Sud et l'Arabie Saoudite, on se tape complètement de l'Afrique (y a-t-il même des diplomates sur ce continent ?), et des questions économiques, industrielles et scientifiques (il est bien connu que ces sujets sont d'une importance mineure, et que ce n'est pas ça qui fait avancer le monde). Par contre, on cherche les "petites phrases". 
Les petites phrases ont plusieurs avantages incontestables : elles sont simples à comprendre (pas besoin d'avoir fait des études, ni même d'avoir un pouvoir de réflexion supérieur à celui de Steevy Boulay d'une mouche pour en comprendre le sens), elles ne demandent absolument aucun talent à nos journalistes pour en faire un article, et surtout, elles "font le buzz".
Et aujourd'hui, faire le buzz, coco, c'est ça qui compte ! Parce que tu crois que notre journal il est lu par des prix Nobel ? Ce qu'on vise, c'est la ménagère de moins de 50 ans, et si ça te va pas, tu peux toujours aller raconter tes états d'âmes dans le bureau du PDG (rires).

C'est ainsi que les gros titres se focalisent sur le fait que Sarkozy ait été jugé autoritaire et capricieux, ou que Angela Merkel soit peu imaginative. On apprend aussi que Kadhafi ne peut pas voyager sans sa nurse Ukrainienne, blonde, jeune et pulpeuse. Voila, ça c'est de la diplomatie ; on veut des blondes aguicheuses, des petites phrases et des déclarations qui feront croire que le monde politique ressemble à une saison des Feux de l'Amour. C'est ce qui intéresse les gens, bien plus en tous cas que les questions politiques (Note personnelle : ne pas prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu'ils le sont).

Notons aussi que le travail de journalisme est énorme. Les guillemets fleurissent à tous les coins de phrase, et on ne compte plus les articles qui ne font qu'un copier-coller traduit d'un télégramme américain. Si le boulot des journalistes étaient de faire de l'analyse et du décryptage, ça se saurait...

Cela nous amène d'ailleurs au deuxième constat ; quand un document est classé top secret, il est également tout de suite beaucoup plus crédible. D'un coup, tout ce qui est marqué dans le document est pris pour argent comptant, et passe pour une vérité absolue. 
"T'as vu ? Ils ont dit que Angela Merkel n'avait pas d'imagination." 
"Ah ouais, c'est fou ! C'est vrai qu'elle a pas l'air futé !"
Et on balance ça dans tous les journaux sans même mentionner qui est l'auteur, ni sur quoi il se base pour dire ça. On ne peut pas imaginer un instant que l'obscur employé de l'ambassade américaine en Allemagne qui rapporte ses impressions dans un télégramme soit une grosse buse, qu'il ait un quelconque intérêt à dire ça, où qu'il se trompe dans son jugement. On ne dit pas d'ailleurs non plus si cet avis est confirmé par d'autres télégrammes, ou si c'est juste un court passage d'un petit télégramme et que tous les autres affirment qu'au contraire, il s'agit d'une personnalité brillante. 
D'ailleurs, à lire ce qui ressort dans les médias, on a l'impression que la moitié des présidents de la planète ont un QI à peine supérieur à un candidat de Secret Story ; à se demander comment ils ont pu monter jusque là, être choisi par leur entourage et leur parti politique, et élu par plus de la moitié des habitants d'un pays...

En plus, avouons que toutes les infos relâchées sont des scoops retentissants ; Sarkozy autoritaire et capricieux ? Nom d'une endive, voilà quelque chose que personne n'avait remarqué ! On comprend que le document soit classé secret. A peu près 18733 personnes ont du l'écrire avant, mais c'est vrai que quand c'est classé secret, ça a quand même vachement plus de poids.

"Sarkozy n'est pas grand" selon un télégramme américain. Reconnaissons que la nature des informations divulguées est hautement secrète.

Mais rangeons cet esprit critique dérangeant quelques instants, et essayons de tirer les leçons de cette histoire incongrue.
En tant que conseiller spécialisé en questions incongrues auprès du gouvernement, j'ai proposé au président Sarkozy de lancer un site équivalent à Wikileaks en français, batpisé "Wikifuites" et dans lequel on pourrait relâcher des télégrammes hyper-super-top-confidentiels-secrets. On y lirait, dans des télégrammes provenant des services secrets américains (car les services secrets américains ne mentent jamais et ne se trompent jamais, ils l'ont dit à la télé - forcément, si on avait relâché des télégrammes mozambicains, ça aurait fait moins de bruit) des titres divers et variés, immédiatement copiés-collés par tous les grands médias. Voici quelques exemples des titres qui sortiraient dans la presse :

 "Sarkozy est un grand président" (Wikifuites)
D'après les télégrammes de la CIA relâchés récemment sur Wikifuites, Sarkozy est jugé comme "quelqu'un d'hyper intelligent" par les diplomates américains, qui ajoutent d'ailleurs "il a raison sur toute la ligne" ou encore "d'ailleurs, il n'est pas si petit que ça".

"Martine Aubry a des grosses chevilles" (Wikifuites)
Un des télégrammes rendus publics aujourd'hui précise même qu'elle ne pourrait pas prendre l'avion sans ses bas de contention, et qu'elle insiste pour prendre un jus d'orange avec une touche de grenadine avant le décollage.

Bref, tout un tas de sujets passionnants qui pourraient nous permettre de faire passer en douce quelques réformes bien senties.

Le logo du site "Wikifuites" s'attirerait immédiatement les faveurs du troisième âge.

Le gouvernement pourrait également en profiter pour influencer en douceur la presse nationale, et se mettrait également les journalistes dans la poche, trop contents qu'on leur pré-mâche le boulot en les abreuvant de "petites phrases" faussement scandaleuses pour la plus grande joie des ménagères de moins de 50 ans (qui se feront ensuite mousser en lisant dans Le Monde des ragots au moins dignes de Closer).
Bon sang, pourquoi faut-il encore une fois traverser la manche pour trouver des infos de qualité : quand fera-t-on un appel du 18 juin pour le journalisme (ceux qui ont répondu "le 18 juin" montrent là un début de logique... rien n'est perdu).

mercredi 1 décembre 2010

Petit guide pour retrouver Ben Laden

Al Qaïda Maghreb Islamique faisait récemment savoir par les médias que la France devrait négocier directement avec Oussama Ben Laden si elle voulait la libération des otages détenus par l'organisation terroriste...
Diantre ! Voila une proposition alléchante. Parce que c'est vrai qu'à la longue, négocier avec des sous-lieutenants ou des obscurs terroristes au nom difficilement prononçable, c'était devenu lassant. Tandis que là, Oussama lui-même, voilà de quoi raviver l'intérêt des ménagères de moins de 50 ans pour l'actualité (je ne sais pas ce que les médias ont avec cette "ménagère de moins de 50 ans", on aurait aussi bien pu parler du "fonctionnaire des impôts de plus de 37 ans", ou à la limite, des "ménagères en mini-jupe de moins de 30 ans", mais je m'égare).

Sauf que voilà, Monsieur Ben Laden, on ne sait pas où il est. De plus, avec le changement de ministre des affaires étrangères, on a un peu la flemme de se replonger dans le dossier de 2337 pages intitulé "Où est Oussama ?", dossier rangé alphabétiquement entre "Où est Charlie ?" et "Pourquoi les abeilles volent-elles en zigzag en présence de Roselyne Bachelot", question qui reste d'ailleurs un des plus grands mystères de la science.
C'est donc tout naturellement que Michèle A-M (nous l'appellerons ainsi afin de préserver son anonymat) a fait appel à mes services de consultant politique pour cette question "Mais où est Ben Laden ?" (la réponse fournie par Jean-Louis Borloo, à savoir "Dans ton cul", a rapidement été écartée).

Variante au jeu "où est Charlie ?", le jeu "où est Ben Laden ?" est très apprécié des enfants et de la CIA.

Pour savoir où est Oussama, diverses méthodes ont déjà été utilisées ; les Américains ont offert plusieurs millions de dollars à celui qui le dénoncerait. La méthode n'a pas donné beaucoup de résultats ; il faut reconnaître qu'un taliban qui vit dans les montagnes du Sud de l'Afghanistan et qui se retrouve soudain en possession de 20 millions de dollars, ça attirerait rapidement les soupçons, à défaut de la sympathie de ses voisins.
Le fait de partir à pied via le Pakistan avec une Bible et un couteau n'a pas donné non plus de grands résultats, reconnaissons-le. Même du côté d'internet, le statut Facebook de Ben Laden n'a pas changé depuis celui du 10 septembre : "Va faire un petit tour (lol) en avion".

Non, la méthode pour le trouver réside encore une fois dans une habile combinaison de l'utilisation des nouvelles technologies et des techniques de négociation développées par les services secrets. Ces Français enlevés par Al Qaida sont une aubaine telle qu'il apparaît comme évident qu'il ne s'agit en fait que d'une ruse pour entrer en contact avec Ben Laden. D'ailleurs, suite au post de l'AQMI sur son blog, Nicolas S. a immédiatement "lâché un com" en indiquant son numéro de téléphone pour les négociations. Et c'est là que va se mettre en place un plan bigrement futé, que mêmes les cerveaux des concepteurs de séries américaines  (c'est dire !) ne pourraient fomenter dans leurs esprits machiavéliques. 

Faisons ici un peu de psychologie et posons nous la question : Que veut Ben Laden ?. Sûrement pas de l'argent, il en a eu à ne plus savoir qu'en foutre. Des filles, ce serait surprenant, avec ses multiples femmes, il a également du avoir sa dose (quoi que les filles françaises sont sources de toutes les convoitises, et notamment de celle de nos pays voisins, qui n'ont que des bouffeuses de saucisse ou des grosses anglaises à se mettre sous la dent). 
Non, ce que Ben Laden cherche aujourd'hui, c'est une retraite. Après de nombreuses années de cotisation, il y a fort à parier que le leader d'Al Qaida n'aspire à rien d'autre qu'une retraite paisible et un carré de jardin où planter des laitues. Et la France a en la matière un système qui ferait pâlir d'envie le grand Oussama lui-même. Voilà donc le deal que l'on va lui proposer ; la libération des otages contre une intégration dans le système des retraites. Maintenant que ce système dont la France s'enorgueillit depuis des générations a été sauvé par notre grand président (et encore, "sauvé", le mot est faible), on pourra sans aucun problème accueillir une personne de plus sans que personne ne le remarque, et sans que cela ne vienne pénaliser trop lourdement le système, car il est bien connu que les personnes d'origine étrangère ne font que pénaliser le système, alors que les gens d'origine blanche (oui, blanc est une origine, ça simplifie le débat) le portent à bout de bras.

Des années de fuite ont rendu Ben Laden professionnel dans l'art du déguisement.

Côté pension, il a été décidé de lui attribuer la même retraite qu'un contrôleur aérien, en plus d'un logement de fonction dans la banlieue des Ulis, pour des raisons de discrétions (j'avais aussi pensé à l'Auvergne, où il serait certain de ne pas être emmerdé, mais les moeurs étranges de cette région m'ont finalement poussé à abandonner l'idée).

Voilà donc à n'en pas douter une idée qui fera recette et délectera les esprits jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat français (aux dernières mesures, le plus haut sommet de l'Etat culminait à 1,67m avec talonnettes). Et si un vieillard vient s'installer dans votre quartier et vous raconte avec un fort accent arabe qu'il a été contrôleur aérien dans sa jeunesse, n'hésitez pas à le balancer à la CIA (renforçant ainsi les valeurs de dénonciation citoyenne que le Maréchal avait instauré avec succès il y a maintenant 70 ans), il y a 20 millions de dollars à se faire !