lundi 27 septembre 2010

Vive le terrorisme !

7h37, Paris se lève et Brice se lève aussi. Brice se regarde dans la glace, et Brice est fier de lui. Il affiche donc un sourire satisfait (ce qui lui permet de constater qu'il lui reste un bout de mâche de Rotterdam coincé entre les dents), et coiffe le peu de cheveux qu'il lui reste. 
Il est fier de lui, car il a réussi une belle carrière (la carrière professionnelle étant l'élément le plus important dans la vie de l'Homme moderne, que l'on appelle "jeune cadre dynamique" jusqu'à 35 ans, et "vieux croûton aigri et célibataire/divorcé/remarié-avec-sa-secrétaire" après 45 ans). En effet, Brice est ministre.

Alors là je vous arrête tout de suite, car je sens déjà dans votre esprit des comparaisons peu appropriées. Je précise immédiatement qu'il s'agit ici d'une fiction et que toute ressemblance avec Brice Hortefeu des personnages réels est complètement due au hasard (qui fait quand même rudement bien les choses, convenons-en).

Continuons à inventer, donc... Brice le Chauve a des ennuis au boulot ; tout le monde le traite de raciste (alors qu'il l'est seulement avec les noirs, les arabes et les roux) et son travail, pourtant rudement futé et basé sur des calculs électoralistes que seuls les diplômés de l'ENA savent faire, n'est pas reconnu à sa juste valeur. Il a même essayé de travailler plus pour gagner plus, mais paraît-il que ça ne s'applique pas aux ministres. Il n'y a aucune justice.

Ses ennuis, ce sont, pèle-mêle, des Français qui refusent l'interdiction de la burqa, des Français qui refusent qu'on chasse les Roms, des Français qui insinueraient que le gouvernement serait un peu raciste envers les arabes et les noirs, et des Français qui s'occupent un peu trop d'économie, et qui voient que de ce côté là, le bilan est à peu près aussi positif que les températures sur le plateau d'Aurillac les matins de janvier. 
Pas tous ; heureusement, il y a les vrais Français ! D'ailleurs, Brice a entrepris des actions pour que seuls ces vrais Français (avec des vraies valeurs et des vraies origines) aient le droit de s'exprimer et de voter, et qu'on renvoie les autres chez eux, dans des régions dont la géographie est inconnue des vrais Français.

Soudain, une idée géniale germa dans son cerveau, grâce au surplus d'aération que lui apporte son crâne chauve ; les terroristes ! Les terroristes, ce sont ces gens qui nous arrangent bien de temps en temps, et qui peuvent s'avérer être un puissant moteur pour justifier des mesures controversées, parler d'autre chose que d'économie ou déclencher une guerre, par exemple. 
Ça fait peur aux gens, à peu près autant que la mèche d'Arlette Chabeau ou que si on les obligeait à assister à un dîner en tête à tête avec Jean-Pierre Pernaut, c'est vous dire...

On vient de lui annoncer qu'il dînait avec Jean-Pierre Pernaut.

En plus, les médias ont déjà des reportages tout prêts sur le sujet où ils n'ont qu'à changer la date pour les publier (comme les reportages sur la rentrée des classes, Noël, les soldes, les fortes chaleurs, les grands froids, les défaites de l'équipe de France de football, et 80% du reste des informations).

Et Brice commença à développer son idée. Les terroristes, c'est le mal absolu, comme les nazis ; ça tout le monde est d'accord. Donc, si ils disent quelque chose, c'est faux, donc le contraire est vrai. Tiens, si on imaginait des terroristes en colère parce qu'ils sont contre la politique de Nicolas Sarkozy, surtout concernant les récentes mesures prises contre les musulmans pour la laïcité (des musulmans surtout, parce que ce sont eux les moins laïcs). Ah, voila un bon point de départ...

Mais ce n'est pas assez, alors continuons un peu, voulez-vous. Imaginez-vous qu'en plus d'être musulmans, ces terroristes soient des femmes en burqa. Rien de plus simple, il suffirait alors de diffuser le signalement d'une femme, de préférence arabe, qui voudrait se faire exploser. Alors tout le monde se méfierait des femmes arabes, et ça justifierait la mesure du gouvernement d'interdire les burqas, parce que c'est bien connu qu'une femme ne peut pas se faire exploser si on voit son visage.

Avec une tenue comme ça, pas de risque d'attentat suicide.

Reste un détail.... Il faudrait que tout le monde en parle... Les médias ? Déjà trop utilisés pour faire peur. Et si pour cela on faisait évacuer un monument qui représentait la France. La tour Eiffel ? Ça semble une bonne idée !

Le must, ce serait que la femme arabe terroriste en burqa en colère contre Sarkozy soit en plus une Rom immigrée illégale qui fraude aux allocs. Ça fait un petit peu trop ? Tant pis, on trouvera autre chose...

En arrivant au travail, Brice est à peu près aussi excité qu'un pédophile dans une cour de récré (désolé pour celle-là), car il a trouvé l'idée du trimestre qui va laisser encore un peu de répit à ses copains ministres pour mener à bien deux ou trois réformes économiques en faveur des patrons défavorisés du CAC, et peut-être même qu'il pourra être le parrain une deuxième fois du prochain fils de son copain président.

Mais arrêtons-là cette histoire, et revenons à la réalité. Tout le monde sait qu'en France, le vrai pays des vraies valeurs et des droits des vrais hommes, jamais des choses comme ça n'arriveraient. D'ailleurs, pourquoi des terroristes pourraient-ils nous en vouloir à nous, terre d'accueil et de tolérance ?
Heureusement que toute cette histoire n'est qu'une fiction, pas vrai ?

dimanche 19 septembre 2010

Le Monde du rayonnement français

Depuis qu'on les a envahit pour la dernière fois en 1066, il faut bien reconnaître que les Anglois se sont plutôt bien portés sur la scène internationale. La preuve la plus éclatante en est qu'alors même que le blason de la reine est en français, le monde entier parle anglais. On a quand même lamentablement merdoyé quelque part, sachant que la langue internationale a été le français pendant plus de 5 siècles (La peste soit des Anglois est bien plus gracieux que l'expression fucking rosbeefs !). 
En résumant l'histoire, on s'est pris un paquet de bonnes branlées contre la perfide Albion, à tel point qu'on est toujours obligé de remonter à cette fameuse bataille de Hastings pour retrouver la dernière fois qu'un Français a mis le pied sur la terre du plum pudding en conquérant. Pire, on est même venu se réfugier chez eux à chaque fois que ça bardait un peu trop chez nous, comme après la Révolution ou pendant l'attaque des Teutons sur notre belle terre de fromages.

On aurait sûrement gagné plus de batailles contre les Anglais en leur lançant ce genre de projectiles.

Du coup, on a tiré un trait sur nos vains espoirs de victoire militaire écrasante sur les Rosbeefs pour se concentrer sur notre arme la plus redoutable : le fromage la culture. Oui, la culture française est mondialement renommée et nous en sommes très fiers. Sauf qu'en tant que bons Français, on a un peu tendance à se reposer sur nos lauriers. Il est vrai que passer de Lully, Rousseau, Molière, Debussy, Voltaire et Delacroix à Cindy Sanders, Steevy Boulay (notez comme les noms sont français) et Christian Clavier, ça nous a foutu un sacré coup. Mais personne ne semble s'en être rendu compte ; nous gardons la tête haute et fière, et voyageons partout dans le monde convaincus que seule la France est encore un pays largement au-dessus du lot en termes de culture.

La traduction pour l'édition française reflète bien l'image que les Français ont de leur culture.

Monuments de notre prétendu rayonnement sur le monde, les médias illustrent parfaitement la puissance de notre culture et la qualité de notre information. Détaillons un brin cette assertion en comparant la fierté de notre système d'information : Le Monde, et comparons-le à celui qui fait la fierté de nos voisins bouffeurs de jelly ; la BBC.
Je m'en vais vous exposer en quelques points les principes qui font qu'on est vachement plus forts.

Principe n°1 : on est vachement plus ouverts et plus forts
Il suffit pour cela de regarder le titre du journal. Alors que les Anglais ont un nom ridicule (British Broadcasting Corporation, je vous demande un peu...), un nom avec lequel on peut en un clin d'oeil reconnaître qu'ils sont anglais, nous avons un titre universel. Le Monde, ça va vous parler du monde entier pour informer le monde entier. On aurait presque pu l'appeler L'Univers s'il y avait eu des gens sur la Lune. Bref, la couleur est annoncée ; nous sommes internationaux et nous rayonnons sur le monde entier quand les Rosbeefs se contentent de diffuser des trucs british sur un pays où il pleut tout le temps.

Gros plan : le logo
En France, on adore avoir un logo qui en jette un peu. C'est en effet bien plus important qu'avoir un produit de qualité. On préfère en effet claquer 2,4 millions d'euros dans le logo de l'ANPE pour le changer 5 ans plus tard pour 500 000 € de plus parce que l'ANPE s'appelle Pôle Emploi, plutôt que d'investir cet argent dans de nouveaux emplois. 
En témoigne la banalité affligeante du logo de la BBC, alors que celui du Monde, en jolies lettres gothiques, fait référence à la période glorieuse et révélatrice de la puissance française à laquelle le journal a été créé ; 1944, soit l'apogée de la France (une petite pensée émue pour le Maréchal, je vous prie).

Le premier logo du Monde a été changé peu après sa création, pour lui préférer une version plus discrète. 

Principe n° 2 : International, mais pas trop
Je me suis posé une question bizarre récemment. La BBC propose ses informations et ses analyses en 32 langues différentes, alors même que la moitié des gens qui ont accès à internet dans le monde parle anglais (sauf en France, où ce pourcentage est bien plus faible). Si on veut informer le monde avec un journal qui s'appelle Le Monde, on doit forcément faire mieux que nos voisins d'outre-manche. Quel ne fut pas mon désarroi quand j'ai découvert que Le Monde sur internet n'existe qu'en français. Même pas une version en anglais, non, rien du tout. Je me suis heureusement rassuré en me rappelant que la langue la plus parlée dans le monde était le français, et que tout un chacun a le dernier Voici Molière comme livre de chevet, du fin fond de l'Ouzbékistan jusqu'au Cap Horn. Ouf !

Principe n°3 : Rien que de l'information
En continuant à traîner sur le site de la BBC (mais pourquoi, me direz-vous, quand on a une information de si grande qualité en France, aller traîner sur le site de la BBC ?), je me suis rendu compte avec stupéfaction qu'une fois sur 5, il y a une publicité sur la page d'accueil. Stupeur et effroi ; on m'assaille avec de la pub alors que je ne cherche qu'une information de qualité. Heureusement qu'on n'a pas ça chez nous !
Un simple coup d'oeil sur la page du Monde.fr suffit à nous en convaincre ; pas moins de 17 encarts publicitaires sur la simple page d'accueil sur des sujets aussi intéressants que "achetez une voiture", "achetez une montre", "rencontrez enfin le vrai amour" ou "Serrurier - Vitrier", autant de sujets qui correspondent exactement à ce qu'on recherche en allant sur un site d'informations.
Summum des analyses de mots-clés pour les publicité, l'encart "Date Afghani Girls" en face de l'article sur l'interdiction du voile, fabuleux (je vous jure que c'est vrai) !
Décidément, ces anglais sont vraiment trop cons de ne mettre que de l'info sur leurs sites d'info ; nous au moins, on sait qu'on va devenir riches grâce à la publicité sur internet (encore un truc qui a du se décider dans un comité de direction du haut management dédié à la rentabilisation des services annexes du Monde, grâce à un consultant américain payé 5000 $ la journée, parce que tu comprends, Coco, c'est ça l'avenir !).

Principe n°4 : A la pointe de la technologie
Preuve éclatante de notre supériorité technologique, Le Monde a incorporé à son site les technologies informatiques de dernier cri, comprenez Fessebouque, première source d'information des médias français avec Touittère. Quel avancée ! On va enfin pouvoir commenter "Trop lol" en voyant le taux d'abstention aux dernières élections, et demander "Cé ou le Paquistan ?" quand on nous parle des inondations dans ce pays flou.
Encore une fois, les British ne mettent que des articles, c'est d'une banalité affligeante.

Avant même Facebook, le Monde faisait déjà paraître son journal sur son mur, preuve éclatante de l'avance technologique des médias français.

Principe n°5 : Une information de qualité
C'est là la principale différence entre les anglais et nous ; nos informations sont "de qualité". La preuve elles sont écrites par... des journalistes diplômés ? Des économistes ? Des analystes politiques ? Non, laissons cela aux anglais. Nos informations sont écrites par bien mieux que ça ; des Français. Et pas n'importe lesquels ; nous, monsieur et madame tout le monde. En effet, sur la page d'accueil, une belle place est faite pour nos opinions, nos commentaires sur les articles, les blogs d'abonnés, les chroniques d'abonnés... On se demande même pourquoi on embauche encore des journalistes, alors qu'on sait si bien faire l'information. 
On nous demande également notre avis sur des sujets primordiaux, puisque notre avis est bien plus important que ce qu'il se passe ailleurs (évidemment, puisque c'est ailleurs, alors que nous on est là). On devrait même peut-être s'informer sur les forums internet, ce serait bien plus instructif.
Le sondage en ligne nous demande notre avis d'experts sur des questions importantes (encore une fois je n'invente rien) : 
Selon vous, Nicolas Sarkozy a-t-il eu raison ou tort de prendre à partie José Manuel Barroso comme il l’a fait à Bruxelles après les critiques de la Commission et celles de Viviane Reding sur la politique de la France à l’égard des Roms ?
Voila une question primordiale de savoir si notre Président à bien fait de répondre à ce qu'avait dit José Manuel Barroso à propos des critiques de Nicolas Sarkozy en parlant des critiques de Viviane Reding qui critiquait la politique de Nicolas Sarkozy quand il parlait des Roms ! Ca c'est de l'info, bien plus importante que le bien fondé des mesures engagées, et c'est pas les British qui vont répondre à des questions comme ça, ah mais !

Principe n°6 : Nous, on sait ce qui est important.
Nous, on parle vraiment de ce qui se passe dans le monde, c'est le titre de notre meilleur journal. Quand les anglais font des "Breaking News" sur des attentats à Bagdad, nous on en fait sur des soupçons de lettre qu'aurait écrit Eric Woerth pour recommander la légion d'honneur à l'employeur de sa femme. On sait bien que tout le monde s'en tape quand des étrangers meurent. Ils n'avaient qu'à vivre en France. Non ? On n'en veut pas ? Bah ils n'avaient qu'à pas naître étrangers alors !
De manière plus générale, on trouvera sur le site du Monde des articles parlant de ce qu'il se passe dans nos belles provinces, des articles sur Susan Boyle dans la catégorie "culture", et une catégorie "international" qui parle de temps en temps d'une polémique sur la viande hallal dans les hamburgers aux Staïtse, autant de sujet qui demandent de profondes capacités d'analyse. On se demande bien pourquoi la BBC a pris soin de créer des catégories "Afrique" et "Moyen-Orient", alors qu'on sait bien que les gens qui vivent dans ces pays-là ne savent pas lire et n'ont pas l'électricité (décidément, on a une belle longueur d'avance sur les Anglais).

Méfiez-vous des trucages ! On sait bien que sans électricité, l'Afrique ne peut pas être reliée à Internet.

Y a t-il encore vraiment besoin de continuer ce raisonnement éclatant ? Si vous ne l'avez pas encore compris, ce n'est pas demain la veille qu'on perdra notre suprématie sur le monde de l'information et sur le rayonnement culturel. Et j'aime autant vous dire que nos voisins britanniques feraient bien de s'inspirer de nous si ils veulent enfin avoir une information de qualité et un peuple cultivé. Vivement qu'ils reviennent dans le droit chemin de la culture et qu'ils se mettent enfin à écouter Cindy Sanders (et à parler français aussi, ça ne leur fera pas de mal).

Sur ce, je file retourner sur le blog la page Facebook du journal Le Monde pour enfin trouver des informations de qualité, parce que c'est comme ça qu'on créera un monde meilleur, sans clichés, et où les Rosbeefs parleront enfin français.

mercredi 8 septembre 2010

Tous les chemins mènent aux Roms

(Pour le titre, j'avais le choix entre ça et La route des Roms, les décédés Roms, Nique ta Rom, autant de jeux de mots fins et subtils qui n'ont d'ailleurs jamais été faits...)

Laissons un peu de côté tous les sujets brûlants de l'actualité du moment pour essayer de construire la société de demain, celle dont nous aurions envie pour nos enfants. Un monde où ces charmantes têtes blondes pourraient vaquer en paix sans être confrontés au réchauffement climatique, à l'insécurité, à la dette de la France, aux voleurs de poules Roms et aux terroristes musulmans.

Tentons donc d'ignorer ces sujets dont on nous assaille de toutes parts, comme les Pakis qui ne savent pas nager, la rentrée des classes dans le charmant village de Chambouilly-sur-Patou, les interrogations sur la (mauvaise) qualité du Beaujolais nouveau, et les commentaires sur la météo de Germaine Dentru ("il n'y a plus de saisons, ma brave dame"), pour apporter notre petite contribution à la France de demain.

En ce moment, le sujet qui nous préoccupe le plus, celui qu'il faut régler dans l'immédiat, c'est celui de ces infâmes laveurs de pare-brise, qui sont aussi voleurs de poules à mi-temps (ce qui représente une préoccupation importante pour 80% des Français, le PIB du pays étant basé dans les mêmes proportions sur l'élevage de poules, notre seule richesse). C'est bel et bien le sujet le plus urgent à traiter, bien avant le chômage, la régulation financière, les évadés fiscaux, les droits de l'homme et toutes ces conneries.

Le gouvernement français (main sur le coeur, je vous prie) m'a approché il y a quelques mois pour me proposer une mission dans le cadre de la commission rogatoire affectée au problème de l'immigration d'origine pas française vers notre beau pays et rattachée au ministère de la xénophobie de l'immigration. La mission étant faiblement rémunérée (à peine 9500€ par mois) et les avantages en nature étant faibles (seulement une voiture de fonction avec chauffeur et un appartement dans le XVIe arrondissement de Paris), je me tâtai longuement avant de finalement accepter pour des raisons uniquement patriotiques.

Le logo Mercedes sur les sabots du cheval ne trompe pas ; ces gens essaient de dissimuler leur pauvreté.

Le but de ma mission ; préparer un questionnaire qui sera soumis à tous les Manouches pour savoir s'ils ont le droit de rester en France ou pas après qu'on les ait arrêtés pour vol de gallinacées et lavage de pare-brise avec circonstances aggravantes et qu'on leur ait retiré la nationalité française (ou roumaine si ils ne sont pas Français, ça leur apprendra).
Je vous soumets donc ce questionnaire, que vous pouvez bien entendu faire de chez vous et ainsi apporter votre contribution au projet.

Quel Rom êtes-vous ?

Question 1. Pendant votre temps libre, que faites-vous ?
A. Vous vous asseyez près du feu entre les caravanes avec une guitare, et vous chantez Patrick Bruel/des chants traditionnels tsiganes/Metallica (rayez la mention inutile).
B. Vous sortez enfin votre jet-ski, que vous n'avez utilisé qu'une seule fois depuis son achat, et décidez d'aller l'essayer du côté de Saint-Tropez.
C. Vous retrouvez vos potes des jeunesses hitlériennes (ah, on savait rire à cette époque), et vous allez casser quelques juifs/arabes/roms/noirs/tout ce qui n'est pas Français (plusieurs réponses sont possibles).
D. Vous n'avez pas de temps libre, avec ces dossiers qui traînent sur l'immigration clandestine et les reconduites à la frontière...

Question 2. Que vous inspire cette image ?

A. Chic, le dîner du soir s'annonce. Par une méthode connue de vous seul, vous imitez le cri du ver de terre. Dès que le coq s'approche, vous lui proposez de lui nettoyer son pare-brise, et devant profitant du fait qu'il cherche pourquoi vous lui proposez ça, vous le mettez dans un sac et filez vers votre caravane.
B. Tout le monde l'aura reconnu, il s'agit d'un Gallus Gallus Domesticus, de l'ordre des Galliformes et de la famille des Phasianidae. Celui-ci a même des barbillons légèrement sous-développés, ce qui nous permet d'évaluer son âge à 6 mois environ.
C. Vous vous dites que vous n'avez pas eu de copine depuis un certain temps, et que cette poulette a des airs plutôt aguicheurs...
D. C'est le symbole de la vraie France et des vrais Français ; vous bombez le torse en pensant avec émotion aux valeurs de la République, sans chercher à savoir pourquoi on a choisi un animal aussi stupide pour représenter notre pays.

Question 3. Durant votre enfance,
A. Vous avez séché l'école, puisque votre famille n'arrêtait pas de bouger. Par contre, vous avez un BTS en vol à la tire avec mention bien, dispensé par Manu les doigts de fée, et qui est très reconnu sur les marchés de banlieue et dans les couloirs du métro.
B. Vous avez gagné trois ans d'affilée le concours de scientifique en herbe du Rotary club, puis avez fait Polytechnique en deux ans en même temps qu'un diplôme de médecine en neurosciences appliquées.
C. Ah, l'enfance... Vous vous souvenez encore avec émotion de votre premier camion de police caillassé avec succès, de votre première garde à vue, et de votre première kalachnikov... C'était le bon vieux temps.
D. Né à Paris de parents hongrois, vous rêviez déjà d'une carrière politique. Bien que pas très bon en classe, vos talents d'orateurs vous permettaient de vous faire élire délégué de classe en proposant d'interdire l'accès au lycée aux roux et aux arabes, et en proposant d'indexer les allocations familiales sur les résultats scolaires.

Question 4. Vous êtes :
A. Roux
B. Blond
C. Chauve
D. Brun
Après les Roms, le gouvernement pense s'attaquer aux roux. Les sondages montrent d'ailleurs que la population française y est bien plus favorable.











Question 5. Votre sport préféré est :
A. La course (préférence sprint avec un paysan et une carabine à plomb derrière pour se motiver à courir plus vite).
B. Le golf, que vous pratiquez tous les dimanche avec votre amie la Comtesse de Montpensier avant votre habituelle partie de bridge.
C. La course (préférence sprint avec un arabe/policier en fuite/gamin devant vous pour vous motiver à courir plus vite).
D. Le jogging le dimanche dans les jardins de l'Elysée avec un T-shirt "I love NY".

Résultat du test
Vous avez une majorité de :
A. Vous avez gagné : vous êtes un vrai Rom ! Vous venez donc de gagner la somme extraordinaire de 300€ plus un voyage gratuit en Roumanie (ou alors vous êtes juste roux, et dans ce cas, on se fera un plaisir de quand même vous conduire à la frontière). Par contre, vous n'existez pas vraiment (sauf les roux, hélas), parce que vous êtes plutôt un énorme cliché ambulant de l'image que le Français moyen qui ne réfléchit pas beaucoup a des Roms. Dommage, ça nous aurait donné de bonnes excuses pour justifier tout ce tintouin.

B. Vous êtes riche, bien éduqué, cultivé, et sacrément coincé. Vous ne pouvez donc pas être Rom. Si ? ... Attendez, voilà qui nous pose problème... En cherchant bien, vous nous faites sûrement une fraude aux allocations, non (comment un Rom pourrait-il être riche autrement) ? Auquel cas, dommage, vous retournez quand même en Roumanie, mais sans toucher le chèque de 300€ (même si vous êtes né en France, et que vous n'avez jamais mis les pieds en Roumanie ; c'est pas le tout, mais on a des quotas à atteindre, nous).

C. Vous êtes con/raciste/zoophile/délinquant (il n'y a malheureusement pas de mention à rayer), mais vous êtes Français. Vous restez donc en France, qui sera toujours votre pays rien qu'à vous. Continuez d'ailleurs à tabasser tous ceux qui sont un peu trop différents, ça leur apprendra à aimer la France et à vouloir y rester.

D. Vous êtes Nicolas Sarkozy ; merci d'avoir fait le test Monsieur le Président. D'ailleurs, si vous pouviez penser à rajouter une petite prime à la fin de mon contrat de mission (ou la légion d'honneur, je ne suis pas difficile)...

Pendant le tournage du film, Franck Dubosc a failli être envoyé en Roumanie. Malheureusement, la démarche n'a pas abouti, le gouvernement roumain l'ayant catégoriquement refusé.

Vous pouvez envoyer votre résultat à ce test à Brice Hortefieux, ou Eric Besson, et commencer à réserver votre billet d'avion pour la Roumanie, je crois qu'ils font des promos en ce moment...

vendredi 3 septembre 2010

Vrais Jeunes pour la vraie France des vrais Français

"Bon, parlons un peu politique..."

Terreur, stupeur et effroi. Devant l'écran de votre ordinateur, vous avez désormais les mains moites et les pieds poites, tandis qu'une tremblement incontrôlable secoue vos membres chétifs (oui, chétifs, parce que si vous êtes là, c'est que vous n'êtes pas dehors à faire du sport). Vous accédez là au tabou suprême en France : on ne parle pas politique.
Cela dit, vous sentez grandir en vous une excitation semblable à celle du journaliste irakien avant de lancer sa chaussure au visage de Georges W Bush ; vous savez que c'est interdit, mais ça fait plaisir quand même.

Oui, parce que parler politique en France, c'est interdit. Pour un peu d'amusement, essayez de lancer discrètement une fine allusion à la laïcité à l'école ou quelques mesures fiscales à un repas en famille ou entre amis, il ne se passera pas 3 minutes avant que les convives ne s'étripent joyeusement à grands coups de blanquette de veau à l'ancienne. Parce qu'en France, on ne peut pas être d'un avis politique ou religieux différent sans que ça implique de remettre tout le reste en cause. Pas de désaccord qui puisse être intéressant. Je suis un peu de mauvaise foi en disant cela ? Oui, c'est mon but et ma joie.

D'ailleurs, petite anecdote amusante, la guerre de sécession a éclaté après que Jefferson Davis ait abordé la question de l'immigration clandestine des esclaves africains en quête de travail aux USA au cours d'un repas entre amis avec Abraham Lincoln (l'immigration ou le téléchargement illégal, je ne me souviens plus bien).

Le dîner se passait bien, jusqu'à ce que Jean-Jacques commence à parler politique.

Petite exception à ce tabou, on peut souvent dire qu'on n'est pas d'accord. Soutenir un homme politique dans une de ses décisions un peu ambitieuse ? Ça ne va pas ? Par contre, balancer à tout bout de champ qu'on est contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre, ça passe, et ça passe d'autant mieux que votre interlocuteur possède un esprit critique semblable à celui d'un poulet nourri aux hormones.

Donc rassurez-vous, je ne vais faire que critiquer.
Ouf ! Vous poussez un soupir de soulagement et vous cessez de cacher l'écran de votre ordinateur. Vous irez même jusqu'à envoyer cet article à tous vos amis (dans les 20 secondes, sinon vous mourrez de manière atroce en essayant de manger de la panse de brebis farcie, sauf si vous êtes anglais, mais ceci est une autre histoire) pour leur conseiller cette lecture intellectuellement saine.

Pour commencer, éloignons-nous des partis les plus en vue, et donnons un coup de projecteur (de préférence assez fort pour qu'ils ne s'en relèvent pas) sur une section qui en vaille vraiment la peine : la section Jeunes du Mouvement Pour la France, le mouvement politique Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, que nous appellerons la Mangouste pour simplifier. Parce que oui, il y a des jeunes au MPF (j'ai été surpris moi aussi au début ; ça fait un peu le même effet que si on nous apprenait que la femme parfaite existait, on en parle beaucoup, mais on ne la voit jamais).

Le dernier meeting des jeunes du MPF

Déjà, pourquoi tous les partis ont-ils une section "jeunes" ? Comme si les jeunes, cette espèce étrange, était une fierté que l'on voudrait exhiber ("Regardez ! On a des djeuns dans notre parti") mais ranger dans une case à part, au cas où ils racontent un peu trop de conneries et le temps qu'il finissent leur croissance. Et s'il y a une section jeunes, pourquoi n'y a-t-il pas une section vieux ? Remarquez, s'il y avait des section vieux, je connais certains partis où il n'y aurait plus grand monde dans la section régulière...

Je me concentrerai sur une page en particulier, pour éviter de se disperser (bien que ce ne soit pas mon genre), appelée Les fondamentaux.

Tout commence avec une superbe vidéo, parodie d'une publicité pour un marque de téléphonie dont le nom fait penser à un fruit qui est aussi une couleur entre le jaune et le rouge, et qui essaie de nous faire passer un message sur les valeurs du MPF. En résumé, on voit dans cette vidéo, pour chaque mot clé, le mal, dérive de la société moderne, puis la vision des jeunes du MPF. On y sous-entend à mots à peine couverts que tout ce qui a la peau plus bronzée qu'un descendant en droite ligne de Louis X le Hutin (ou que Michael Jackson) ne sait faire que tabasser d'honnêtes citoyens dans le bus, que leur musique est forcément vulgaire et grossière, mais aussi que la vraie culture des vrais français, c'est de la musique classique jouée par des jolies têtes blondes.

Passons rapidement sur tout cela pour étudier le coeur de l'article, divisé en trois parties.

Acte I : La famille, notre avenir
"Bien qu’une augmentation du temps de travail hebdomadaire, en supprimant véritablement les 35 heures, permette de stabiliser la situation, la solution reste essentiellement démographique. Les Jeunes Pour la France pensent que si l’Etat investissait dans la famille, en créant un salaire parental par exemple, cela amorcerait une augmentation de la natalité".
Nous avons là une idée intéressante : les 35 heures sont sans aucun doute possible une des causes majeure du déficit de la caisse des retraites. C'est vrai que du temps des 39 heures, on n'avait pas l'once d'un problème pour les retraites, et que passer 4 heures de plus au bureau à se toucher la nouille bosser dur permettra certainement de renflouer le déficit abyssal de la caisse des retraites (à ce sujet, il paraît d'ailleurs que plusieurs spéléologues essaient encore d'en trouver le fond).

Mais l'idée la plus intéressante n'est pas là ; les Jeunes Pour la France (appelons les JPF, ça nous rappellera Jean-Pierre Foucault) proposent la création d'un salaire parental. On tient là une idée vraiment innovante... Alors, supposons que cette mesure passe (avec beaucoup d'imagination). Qu'est-ce qui me pousserait à aller bosser alors que je peux rester à la maison avec mes gamins et être payé pour ça ? Nul doute que ça résoudrait le problème des retraites, on serait obligé de rappeler tous les vieux parce que plus personne ne voudrait bosser.
Est-ce que ça pousserait vraiment les gens à faire plus d'enfants ("Tiens chérie, ça fait déjà 3 mois que je suis au chômage, il va falloir penser à lancer un gamin si on veux toucher un salaire à la fin des indemnités") ? Parce que ce salaire de parent au foyer ne devrait pas atteindre des sommets, même si on en fait beaucoup. Et faire des hordes de lardons, ça coûte quand même un bras au fur et à mesure que ça grandit.

Cette jeune mère de famille a compris comment faire fortune. Quelques difficultés financières seront cependant à prévoir au moment où ces charmants bambins commenceront leurs études.

Et pour se réintégrer dans une vie de travail après 20 ans passé à élever des gnafrons, aucune difficulté. J'aime autant vous dire que la section "Crèches et nounous" de la CGT prévoit d'ores et déjà de manifester à ce sujet.

Par contre, les JPF n'envisagent apparemment pas de remonter l'âge légal de la retraite ou d'augmenter les cotisations. Non, ce serait un peu simple...

Acte II : Burqa, Niqab, Hijab, Tchador, c'est non !
"Il ne faudrait pas que l’interdiction de la burqa permette le port du hijab, du niqab et du tchador.
Certes, ces accoutrements dissimulent la femme dans une moindre mesure, mais ils restent des symboles religieux islamiques portant atteinte à la dignité de celle ci. L’islamisation et le communautarisme de notre société ne se résume pas au port de la burqa.
Le Mouvement Pour la France et les Jeunes Pour la France maintiennent que la France n’a pas vocation à devenir une terre d’islam."
La pauvre ne sait pas encore qu'elle va être renvoyée du lycée pour avoir porté un couvre-chef un peu trop islamique.

Le port du Hijab, voila un vrai problème de société. Une fille qui cache ses cheveux, c'est vrai que c'est un problème de société à ne pas négliger. Alors qu'une fille qui se promène en hiver avec un bonnet, un cache-nez et une écharpe, du moment qu'elle soit blanche (ce qui est encore plus le cas en hiver, ou toute l'année dans le Nord), on accepte.
Le vrai problème, c'est bel et bien qu'on pourrait reconnaître qu'elle est musulmane. Alors qu'une bonne soeur comme Mère Teresa qui se ballade avec son voile dans la rue, un juif avec son chapeau juif et ses rouflaquettes, une hindoue avec le tilak, ça ne pose aucun problème (dans le cas des hindous, probablement parce que personne ne connaît cette religion en France).

Passons sur l'usage du terme "accoutrement" (le terme pourrait aussi être utilisé en regardant les photos des membres du bureau national des JPF), et attardons nous sur "La France n'a pas vocation a devenir une terre d'islam". Apparemment, elle n'a pas vocation à devenir une terre d'accueil tolérante non plus. C'est bien connu que le communautarisme tant décrié par les JPF, ça ne concerne que les musulmans. Parce que rester entre blancs, catholiques, Français depuis le temps où Charles Martel a repoussé les basanés à Poitiers, et familles nombreuses, ce n'est pas du communautarisme du tout. C'est très différent, nous, on était là avant. Heureusement que ce sont les mêmes qui disent refuser l'uniformisation culturelle : "Mélangeons nos cultures en restant entre nous".

L'Église catholique prend position contre le port du voile.

Quand on sait que les catholiques pratiquants représentent 8,5 % de la population française et les musulmans 6 %, la première religion étant l'athéisme, suivie de près par l'agnosticisme, je me dis qu'on devrait même leur interdire de construire des mosquées. Ça risquerait de refléter notre diversité, ce serait quand même dommage...

Acte III : Taxes, charges, impôts... c'est trop !
"Ce n’est donc pas en prélevant près de 50% des salaires bruts des français que nous relancerons notre consommation. La pression fiscale qui règne en France oppresse les ménages et pénalise notre économie.
[...] Nombre de dépenses de l’Etat peuvent être réduites, en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux, en stoppant l’immigration (38 milliards d’euros) ou tout simplement en rétablissant l’ordre".
Là, je pense qu'on peut aisément deviner que ceux qui ont écrit ces quelques lignes ont fait de hautes études d'économie. Déjà, je serais curieux de savoir comment ils évaluent le coût de l'immigration. Et ils ont certainement aussi tenu compte de tous ceux qui viennent en France pour travailler et occuper les postes dont personne ne veut, comme dans le bâtiment, et créent de la valeur ajoutée chaque jour qu'ils passent sur le territoire. Mais non, car c'est bien connu que tous les arabes-musulmans-intégristes-clandestins (c'est synonyme) ne viennent en France que pour profiter sans rien faire des allocations, qu'on s'empresse de leur verser, malgré leur situation illégale. D'ailleurs, avec un salaire de parent, ce serait vachement plus facile pour tous les immigrés de trouver du travail, non ? 

Par contre, réduire les impôts va certainement renflouer les caisses de l'état. Car c'est bien connu que tout ce qu'on achète avec nos réductions d'impôts est 100% pur franchouillard. Pas de "made in China", de pétrole de la péninsule arabique ou ce genre de chose.
Et puis c'est vrai que ceux qui payent 50% d'impôts sont ceux qui ont les salaires les plus bas (les ménages oppressés, nous dit-on), et qui en ont le plus besoin. Si on réduit les impôts, aucun risque qu'ils l'investissent dans un paradis fiscal, une île aux Bahamas, ou une villa aux Seychelles, ce sont de bons patriotes qui s'empresseront de relancer la croissance en achetant davantage de saucisson Cochonou et des Clios fabriquée par Renault.

Avec 50 % d'impôts sur son revenu, Liliane B. peine à boucler les fins de mois dans sa maison à l'île d'Arros Saint-Germain des Fossés

Non, pour pouvoir enfin baisser nos impôts, mieux vaut renvoyer les arabes chez eux (parce qu'immigration veut dire arabe et non qualifié, bien sûr, on ne parle pas des suédois, des américains, des ingénieurs marocains, ou des médecins lybiens...).
Et la dette de la France, qui absorbe désormais chaque année plus que la totalité de l'impôt sur le revenu ? Le budget militaire ? Le train de vie de l'état ? Les robes de Bernadette Chirac ? Non, virer les arabes reste le moyen le plus sûr d'assurer notre richesse.

Quand je vois qu'un de leurs slogans est "Pour la dignité de l'Homme, combattons les idéologies", je me dis qu'on n'a pas fini d'entendre des conneries en politique... En même temps, tant mieux ; ça nous permettra de continuer à critiquer les politiques !